Dur, dur d’être un garçon à l’école

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Date de publication

mercredi 03 mars, 2004

Ressource

Alexandra Coutlée

Pourquoi une majorité de garçons réussissent-ils moins bien à l’école que la majorité des filles ? Pourquoi une minorité de filles sont dépistées en difficulté ? Bien sûr, des garçons réussissent à l’école et des filles aussi rencontrent des difficultés d’ordre scolaire mais dans des proportions diamétralement opposées. Garçons et filles ont leur lot de réussites et d’échecs. Pourquoi cet écart va-t-il toujours en se creusant à l’avantage des filles ?

 

Comment savoir, pour le petit garçon et la petite fille, ce que signifie sa relation interpersonnelle avec un enseignant masculin ou féminin? Comment déchiffrer l’influence du genre de chacun sur les comportements de l’autre et, par conséquent, sur le devenir scolaire de l’élève ?

 

On le sait, les conduites des garçons sont définitivement compétitives et inquisitrices; celles des filles sont empreintes d’altruisme et de maternage. On a beau le reconnaître, que faire pour que nos fils aillent mieux à l’école ? Comment les intéresser ? Comment leur faire respecter la discipline et l’autorité ? Parents, enseignants et directions jonglent avec ces terribles questions. Malheureusement, nous ne disposons d’aucune recette miraculeuse, mais réfléchir à la situation éducative et scolaire des garçons et des filles peut nous amener à cibler des hypothèses de solutions favorables à la réussite du plus grand nombre.

 

Il semblerait que la majorité des garçons ne s’intéressent pas à l’école. Que fait l’école devant cette affirmation ? Nos tenterons de voir dans quelle mesure le défi scolaire qui est proposé autant aux garçons qu’aux filles est approprié à leurs capacités adaptatives respectives.

 

Il semblerait que, dès leur entrée à l’école, la plupart des garçons se heurtent à un paradoxe éducatif : discontinuité entre l’éducation reçue dans la famille et celle qu’il est appelé à vivre en milieu scolaire.

 

Expliquons-nous. Très tôt, le petit garçon et la petite fille vont se modeler en conformité avec les échanges qu’ils ont et l’influence parentale. Même si on espère éduquer les garçons et les filles de façon similaire et égalitaire, il en est autrement dans la réalité. De nombreuses recherches démontrent que dans sa famille, le garçon est stimulé à être fonceur, débrouillard, ingénieux. Dès qu’il est assez solide pour courir, grimper et sauter, on le conditionne à s’investir dans les sports d’action et de compétition comme le hockey, le soccer, etc. Les parents se réjouissent de ses performances physiques et le garçon sait apprécier ces manifestations et ces acclamations. Dès qu’il entre à l’école, vers l’âge de cinq ans, on le souhaite calme, attentif, rangé. Bien sûr, l’un n empêche pas l’autre. Cependant, le passage d’un débordement d’énergie enthousiasmant à une passivité exigée ne se fait pas de façon magique.

 

Les garçons ont donc besoin d’être soutenus pour intégrer graduellement dans leur façon d’être et de faire ce passage qui souvent s’avère troublant pour eux.

 

De leur côté, la plupart des fillettes aiment, désirent des activités de soins et de prises en charge et s’identifient à elles. D’ailleurs, nous sommes tous attendris de voir une fillette nourrir chaleureusement sa poupée en la cajolant et en lui fredonnant une comptine. Déjà elle développe une sensibilité et une ouverture envers autrui. D’ailleurs, très jeune, elle-même se sent importante de poser pareils gestes qu’elle a souvent observés dans son entourage et elle les reproduit très volontairement. Ces soins attentionnés et cette sensibilité à l’autrui lui donnent des longueurs d’avance sur les garçons en ce qui concerne le développement de leurs habilités prosociales.

 

Il serait démontré que la fille arrive à l’école avec une stimulation précoce différente de celle des garçons, un meilleur contrôle d’elle-même et le désir de répondre aux attentes afin d’obtenir l’approbation de l’adulte. Ceci expliquerait, en partie, la meilleure adaptation scolaire d’une majorité de filles dès la maternelle. De plus, ceci a contribué à remettre en question la liste qui semble beaucoup trop longue de garçons dépistés en trouble de comportement et en difficulté d’adaptation scolaire.

 

Extrait du livre L’école au masculin de Ginette Lajoie publié chez Septembre éditeur, 2003