Le temps de qualité : ou, comment échapper, en famille, à la grille-horaire

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Date de publication

mardi 07 juillet, 2015

Arriver en retard, je déteste. En franchissant le seuil de La Maison À Petits pas, de Hochelaga-Maisonneuve, j'avais bien conscience que je venais de faire perdre quelques précieuses minutes à des parents. J'enrageais contre moi-même. Je les imaginais déjà en faire tout autant, surtout que, ironie du sort, je venais pour discuter de ce que signifie, pour eux, passer du temps de qualité en famille !...

Je fus donc troublée d'être accueillie par autant de sourires. Un des grands principes, me dira-t-on ce jour-là, pour parvenir à partager ensemble de précieux moments est de tolérer l'imprévu et de se mettre à l'écoute des autres, de soi, du moment. J'avais donc beaucoup à apprendre, moi qui n'y croyais pas vraiment, à cette idée de temps de qualité.

 

La famille... version qualité totale

 

Pourtant, au départ, même des experts comme Christine Lemaire, auteure et conférencière spécialisée en gestion du temps, semblaient abonder dans mon sens : « Il fut un temps où je me culpabilisais beaucoup de m'ennuyer parfois, en compagnie des enfants. Avec le temps, j'ai compris que chaque temps a sa qualité et je défie n'importe quel parent de trouver cela toujours amusant, les moments partagés en famille. Mais il faut comprendre aussi que notre perception et celle de l'enfant sont différentes. Peut-être que, pour moi, ce n'est pas passionnant de le pousser dans sa balançoire ou les jeux au parc, mais pour lui, ça compte », m'avouait-elle en entrevue, pour tenter de remettre en perspective cet idéal inaccessible et toutes ces images de familles idylliques proposées autour de soi.

 

Mais pourquoi, alors, se donnerait-on tant de mal à tendre vers cet idéal ? Parce que, répond Christine Lemaire, les parents ont de moins en moins de temps et aimeraient s'assurer que celui qu'ils consacrent à la famille, dans leur course de plus en plus folle entre le boulot et le dodo, en vaut vraiment la peine, ce qui amène à élever les critères de réussite, même à la maison : « Une question que l'on peut se poser est : comment se fait-il que dans le milieu du travail, la réussite et l'implication personnelle se calculent en heures de travail et que, lorsqu'il est question des responsabilités de parents, on s'intéresse davantage à la qualité qu'à la quantité ? Cela est cohérent avec la logique néolibérale de notre société : on accepte mieux les femmes dans le monde du travail, mais on n’a pas adapté le monde du travail à cette réalité. Alors, faute d'avoir le temps que l'on voudrait, qu'est-ce que l'on fait ? On parle de temps de qualité. »

 

Pourtant c’est souvent en faisant appel à des outils ayant fait leurs preuves en gestion du temps au travail que les familles tentent de récupérer quelques précieuses minutes. Les parents espèrent alors assurer à leurs enfants une vie stimulante, remplie d'activités éducatives. Mais Luc Bélanger-Martin, qui enseigne la gestion aux HEC, doute de la pertinence d'appliquer ces principes à sa propre vie de famille : « Oui, à la maison, il y a aussi de la gestion de temps ; mais est-ce qu'on peut l’envisager aussi en terme d'objectifs à atteindre ? Je ne suis pas certain que ces outils-là soient adaptés. Je trouve même que c'est d'une perversité assez incroyable d'apporter les concepts de productivité dans sa vie de famille. » Outre la tendance à être plus productif pour partir plus vite en quête de moments exceptionnels, toute démarche centrée sur des objectifs suppose un autre aspect incontournable : celui de l'évaluation. Bien sûr dans le cadre de la famille, explique Luc Bélanger-Martin, le patron ne vient pas nous dicter notre conduite, mais les critères de performance ne sont pas évacués pour autant : « Les parents se sentent incompétents parce qu'ils se sentent jugés par les gens qui les entourent. Des coachs familiaux de salon, il y en a trop. J'ai envie de dire aux parents : Fais-toi confiance. Écoute-toi. »

 

Bien que l'influence extérieure ne puisse pas être totalement évitée, les spécialistes de la gestion suggèrent que le parent peut se montrer proactif par les limites qu'il pose. La psychologue Guylaine Deschênes croit même que l'entourage peut être mis activement à contribution dans l'équilibre de la famille : « On peut solliciter le réseau pour que le couple passe de bons moments ensemble. Mais l'entourage peut aussi poser obstacle avec les invitations extérieures et le désir des enfants d'aller jouer chez leurs amis. Il faut se trouver des moments. Nous, on aimerait que notre entourage comprenne que certains moments sont sacrés ; alors on laisse aller le répondeur durant le repas ou le coucher. » Elle remarque d'ailleurs que ces moments où l'on se coupe des sources extérieures sont souvent les plus propices à constater si notre désir de se consacrer les uns aux autres a porté ses fruits : « On voit que l'on a réussi lorsque les autres membres de la famille sont au courant de ce que chacun vit, que les enfants s'endorment en souriant : c'est souvent à l'heure du dodo que les frustrations ressortent. »

 

Le temps : la matière première des liens à tisser

 

Entre ces moments de grâce et les autres défis quotidiens, tous les parents rencontrés, qu'ils soient experts en gestion ou non, constatent que la vie passe vite et qu'elle peut laisser un goût de regret, lorsqu'on n’a pas pu y jouer le rôle que l'on aurait voulu y jouer : « Tous les moments n'ont pas la même importance. Si le parent n'est pas présent au moment d'une compétition, ça ne se remplace pas; c'est la même chose pour un spectacle ou un grand moment de transition dans la vie de l'enfant », insiste à ce sujet Guylaine Deschênes.

 

À l'inverse toutefois, Christine Lemaire avance que, mis à part ces grands moments inscrits à l'agenda officiel, beaucoup d'autres surviennent sans s'annoncer, à condition que l'on soit réellement disponible pour les accueillir : « Il faut savoir qu'être parent, ça prend du temps et que chaque minute est du temps de qualité. On n'a pas le contrôle total sur la qualité du temps, mais on peut favoriser sa venue, lui faire une place. On dit que "la crème, ça monte sur le lait", mais pour cela, il faut qu'il y ait du lait. De la même manière, si on n'est jamais avec nos enfants, le temps de qualité ne peut pas émerger. Ça prend de l'ordinaire, ça prend du banal pour que l'extraordinaire apparaisse. »

 

Cette disponibilité exige aussi de demeurer à l'affut des demandes exprimées de manières variables et souvent implicites, qu'elles prennent la forme des pleurs du nourrisson, des crises du trottineur et, plus tard lors de l'entrée à l'école, des sorties et horaires indépendants des enfants plus grands. À cela s'ajoute, observe Marie-Ève, mère de 4 enfants, le tempérament de chacun : « C'est davantage le caractère que l'âge qui dicte le rythme de la famille. Avant le dodo, j'ai un rituel pour chacun. Il y en a qui aiment les câlins et ça ne finit plus. D'autres, juste de me prendre la main, c'est déjà le maximum. » Tous ces éléments ainsi que le contexte peuvent souvent mener à des rencontres qui ne donnent pas lieu à de grandes verbalisations : « Du temps de qualité, c'est du temps significatif. Mais qu'est-ce que ça veut dire, au juste ? Le matin, c'est moi qui suis avec les enfants. On est tous un peu bourrus au réveil, on ne se parle pas de philosophie, mais même si aucun mot n'est dit, on est quand même là les uns pour les autres, sans intermédiaire », remarque Luc Bélanger-Martin.

 

Dans le contexte où chacun vit sa routine, les uns à côté des autres, le risque demeure néanmoins de n'être là que de corps : « On fait beaucoup de présentéisme avec nos enfants. On le dénonce beaucoup dans le monde du travail, mais pas dans la famille », remarque Christine Lemaire. Selon Guylaine Deschênes, on peut toutefois considérer vivre un moment fort lorsqu'on a senti que chacun y a été assez attentif à la présence des autres pour lui offrir le droit d'être authentique : « Cela peut être un moment heureux ou triste, mais avant tout un moment où on est vrai, où l'on n’a pas besoin de plaire, où l'on sent qu'il y a une écoute, où l'on se donne le droit de trouver des solutions ensemble. »

 

Christine Lemaire souligne toutefois le danger de tenter de fuir la banalité en s'accrochant au rêve du moment parfait : « Les gens voient des tonnes de publicités sur La Ronde ou Honolulu, qui donnent l'impression que ces moments parfaits sont possibles. Mais dans la réalité, des enfants, ça pleure quand ils sont fatigués, même dans les plus joyeuses mises en scène. » Et des imprévus dans leur vie de famille, les parents de la Maison à petits pas en vivent plus qu'ils ne peuvent en compter. Mais c'est quand même avec un sourire coquin que Mélanie raconte comment elle a su transformer un échec en bon moment, en faisant appel à l'humour et à la concertation : « J'avais dit à mes enfants qu'on irait au Biodôme parce que j'avais des billets gratuits. Mais je me suis rendue compte, à la dernière minute, qu'ils étaient périmés. Ma fille était en colère. Moi aussi, je suis souvent encore plus déçue qu'eux, lorsque ça ne marche pas. Je leur ai demandé ce qu'ils voulaient faire à la place. On a fait des biscuits. Le goût était dégueulasse, c'était encore plus drôle. »

 

Et cette résilience, même si elle n'advient pas devant le premier imprévu, se travaille, en expliquant dès le départ aux enfants que les plans peuvent changer, mais surtout en réduisant ses attentes concernant le moment parfait, explique Guylaine Deschênes : « Même les gaffes et les occasions d'en rire peuvent mener à des moments de qualité. Quand on le vit, on le sent ; sinon, pas besoin de tout prévoir, ce n'est pas un mariage ! Dans un mariage, on planifie à l'extrême parce que ce moment ne reviendra pas, mais la magie avec les moments de qualité, c'est qu'on peut toujours se reprendre. » Mais pour pouvoir se reprendre, encore faut-il laisser des espaces à ces moments de folies dans notre plage horaire, spécifie aussi Christine Lemaire : « Je décris parfois le temps comme un meuble avec tiroirs à double fond. Il recèle peut-être des secrets, mais tant que les tiroirs débordent, tu ne peux jamais découvrir ce double fond. Il se passe peut-être de bons moments autour de nous, mais si, dans ta tête, c'est toujours plein, tu ne les sens pas. »

 

Ces principes ne s'inspirent plus seulement du monde des affaires, mais aussi, précise Guylaine Deschênes, des grandes théories de l'attachement, qui suggèrent que la résistance à l'anxiété, devant un monde extérieur imprévisible, est fortement reliée à la constance de la présence parentale. D'ailleurs, Sonya a pu constater que ces moments de disponibilité, même s'ils n'apparaissent pas toujours dans le contexte le plus souhaitable, peuvent se transformer en belles occasions de rapprochement : « Je suis mère monoparentale. J'ai ma fille de 6 ans en tout temps. J'ai toujours travaillé, mais pas depuis un an. Je vois la différence dans l'évolution de ma fille. Avant, je n'avais jamais le temps. J'étais trop pressée. Maintenant, on joue ensemble. Je n'ai pas pu me permettre cela, avec ma plus vieille. Je ne peux pas me permettre cela financièrement, mais c'est arrivé et c'est inoubliable. Je lui souhaite d'avoir assez d'argent plus tard pour pouvoir s'offrir de beaux moments comme ça sans s'inquiéter. »

 

Parents de qualité ? Avant tout parent

 

Pourtant, les efforts des parents pour offrir à leurs enfants les modèles de parentalité auxquels ils aspirent supposent des renoncements. Ainsi Sonya, depuis qu'elle court les entrevues d'emploi, n'est plus aussi maîtresse de son temps, mais en profite pour inculquer d'autres valeurs à sa fille : « Quand on est rendues au souper, on essaie quand même de discuter ensemble de ce qui s'est passé pour elle et pour moi. Elle trouve cela bien que je veuille retourner à l'école et elle est consciente qu'il faut travailler dans la vie. » À l'opposé, pour Fred, père de 3 enfants, cette réalisation de soi a exigé de renoncer à une part du confort matériel qu'il aurait pu leur offrir : « Je suis travailleur autonome. Ça me laisse plus de temps pour être avec eux, le matin et le soir. J'ai fait le choix de couper dans mon niveau de vie pour garder plus de temps pour être avec eux. Si un travail est urgent, je le fais la nuit. »

 

Mais même lorsque le parent a de belles valeurs à partager, tout le monde dans la famille n'est pas toujours d'humeur propice à vivre paisiblement ces échanges et le parent qui voudrait en profiter pour se mettre à l'écoute ne peut pas toujours renoncer à son rôle d'arbitre. Les règles à imposer ont même obligé Sonya à renoncer à de belles excursions, une expérience qui peut s'avérer aussi frustrante pour le parent que pour l’enfant : « Avant de faire une sortie avec ma fille, je mets les règles et lui explique que si elle ne les suit pas, on ira seulement au parc. Ça nous est arrivé de nous retourner vers le parc, avant ; mais maintenant, elle comprend mieux les conséquences, elle a envie de faire de belles sorties et elle est un peu vieille pour le parc, alors elle écoute davantage. » Mélanie, qui est confrontée régulièrement aux querelles de mauvaises perdantes entre ses filles, se dit quand même heureuse de leur donner la chance de vivre cet apprentissage : « J'avais peur, à 25 mois de différence, qu'elles ne l'acceptent pas bien, mais elles sont là l’une pour l’autre, se tiennent la porte. Moi, je n'avais pas à partager. J'étais enfant unique. Je voulais leur faire vivre quelque chose de différent. »

 

Pour donner à l’enfant l'envie de ne pas retourner trop vite à son Ipod, les parents doivent parfois prendre le temps de donner l'exemple en fermant eux-mêmes leur téléphone et la télévision et en tentant de ralentir. Mais, pour parvenir à maintenir ces résolutions, Christine Lemaire suggère de commencer graduellement les changements, et de se donner le temps d'en sentir les effets : « Quand tu te sens comme une queue de veau, commence par enlever une activité parascolaire et observe les conséquences. On ne peut pas toujours tout changer, mais on a toujours un petit soupçon de choix. Peut-être que si le changement te fait du bien, tu y prendras goût et en feras d'autres. Il n'est pas nécessaire d'être drastique. »

 

Mais pour que la transition se produise le mieux possible, surtout si l'on veut changer nos habitudes pour passer plus de temps ensemble, Luc Bélanger-Martin, ainsi que les autres experts, croit qu'il faut avant tout s'assurer que chacun aura l'occasion de s'exprimer et de s'approprier le projet à sa manière, pour que, dans la manière même de le concevoir, il fasse partie de la vie de famille. En comprenant mieux les objectifs de chacun, il devient aussi plus facile de s'adapter en cours de route : « Pour qu'un projet puisse être durable, entre deux individus, il doit être commun. Est-ce qu'on ne pourrait pas essayer de trouver cela, en famille, un terrain d'entente où tout le monde trouve son compte ? C'est comme cela que l'on devient significatif les uns pour les autres dans un groupe. »

 

Transformer la routine en rituel

 

Il n'en demeure pas moins qu'introduire régulièrement des moments uniques peut sembler un lourd défi, surtout à une époque où l'on reproche trop souvent au parent de courir et de ne pas prendre de temps d'être et de vivre. La tentation peut alors être forte de tenter de les réaliser le plus rapidement possible, sur le pilote automatique, en rêvant de meilleurs moments à partager. Guylaine Deschênes croit qu'il est quand même possible de jumeler les tâches et de bonnes discussions ou encore, avec un peu d'imagination, de les transformer en parties de plaisir : « La routine est primordiale, surtout chez les jeunes, mais elle peut être agrémentée. La routine des bains peut être transformée en spectacle de Rock. L'exceptionnel est plus rare et ce n'est pas tout le monde qui peut se le permettre. L'exceptionnel, cela peut être juste de s'approcher de Noël ; avec la mode des lutins, on peut faire vivre aux enfants plusieurs moments inédits à l'approche des fêtes. Dans un sens, ça fait partie des rituels, mais cela fait aussi vivre des expériences dont ils se souviennent. »

 

Et d'un parent à l'autre, les idées pour pimenter des apprentissages incontournables ne manquent pas. L'un met de la musique, l'autre transforme l'épicerie en espace de commando où chacun a sa mission, ou encore en concours, où tout le monde gagne à la fin. Voilà donc plusieurs éléments pour solidariser l'équipe. Mais les parents sentent aussi le besoin des enfants d'avoir des moments privilégiés avec chacun d'eux. Bien que, pour ce faire, le moment traditionnel soit souvent celui du début du dodo, d'autres parents et experts suggèrent aussi de profiter des transports en voiture ou encore des rendez-vous médicaux ou autres, où la présence d'un parent tout à soi peut aider à transformer un moment d'angoisse en moment privilégié. En ce qui la concerne, Marie-Ève a choisi de faire appel à l'expertise d'un enfant à la fois pour l'accompagner dans sa recherche de logement : « L'autre jour, on a marché en essayant de ne pas toucher les craques de trottoir. On était tellement heureux. »

 

Malgré toutes ces belles réussites, Luc Bélanger-Martin croit que le temps que l'on se fixe pour ne rien faire du tout garde aussi toute sa pertinence lorsque vient le moment de savourer le moment présent : « Lorsqu'on a moins de temps à consacrer à ses enfants, il peut y avoir des journées où l'on décide de s'occuper d'eux à 100 %. On va à la danse, à la natation, au hockey... avec pour conséquence que les enfants sont encore plus occupés la fin de semaine que la semaine. Cela crée un coup de balancier : tout à coup, on cherche à s'occuper intensément. S'occuper de nos enfants et passer du temps avec eux sont des choses bien différentes. » Guylaine Deschênes admet que les familles peuvent parfois se donner un petit coup de pouce pour parvenir à ce temps d'arrêt, ou encore pour concilier les plaisirs, lorsque chacun semble trouver son compte dans des rythmes différents : « Si les parents bougent trop, ils peuvent se fixer des moments pour s'arrêter, comme ils s'en fixeraient pour un rendez-vous chez le dentiste, et s'assurer de le respecter. Pour les familles plus tranquilles, elles peuvent se faire une liste d'activités ou les mettre dans un pot à piger pour alimenter leur réflexion. »

 

Mais Mélanie, qui tente l'expérience chaque fin de semaine, peut dire qu'à chaque fois, spontanément, le rien se remplit d'actions non planifiées : « C'est eux qui le demandent, On fait-tu une fin de semaine de rien ? Ils veulent décider des jeux, des films et des repas. Ils veulent toujours manger la même chose. C'est un peu plate, mais ça leur fait plaisir. Non, je ne me sentirai jamais coupable de rester à la maison et d'avoir du plaisir avec eux. » Parfois, pour prolonger cette ambiance de fête, il ne suffit pour elle et ses enfants que de garder le pyjama, qui se faufile si bien sous un habit d'hiver, lors d'une petite sortie. On retombe ainsi dans une ambiance en dehors de la routine.

 

Guylaine Deschênes croit aussi que de se donner l'occasion de goûter ces moments peut aider à prendre conscience qu'ils sont beaucoup plus qu'une forme de dévouement : « C'est un bien pour tous qui peut même améliorer le système immunitaire. C'est prouvé : les câlins, les rires font du bien. On se fait un cadeau. » Pour Fred cependant, le plaisir qu'il a pris à ces moments privilégiés avec chacun de ses enfants, en les accompagnant au baseball, ne l'a pas amené à ralentir, mais, au contraire, à s'investir toujours plus dans ce moment qui est devenu pour lui le plus enrichissant de sa semaine : « Avoir des enfants, c'est une responsabilité, mais le fait d'aimer cela change tout. [...] Quand tu dois faire un effort, cela n'en est plus vraiment un lorsque, tout à coup, un enfant te dit Papa, je t'aime et que ton cœur fond. »

 

Pendant que Fred m'expliquait tout cela, les enfants sont venus nous rejoindre, dans la grande salle de La Maison à petits pas. En l'écoutant, avec les autres parents, et en les sentant si paisibles, je me disais que bon, d'accord, le concept de temps de qualité n’est peut-être pas à prendre au pied de la lettre, mais des parents qui parviennent à être en phase avec eux-mêmes et les autres, lorsqu'ils sont entourés de leurs enfants, ça continue quand même d'exister.

 

Merci à :


Luc Bélanger-Martin, professeur, département de management, École des Hautes Études commerciales, www.hec.ca/profs/luc.belanger-martin.html


Guylaine Deschênes, CRHA, Psychologue organisationnelle,  coach de carrière et auteure de Harmoniser sa vie : L'art de concilier le travail et la vie personnelle, aux éditions Québec-Livre (2013), www.gdressources.com


Christine Lemaire, blogueuse, conférencière, auteure de La Surchauffe de nos agendas : vivre le temps autrement et À Contretemps (2011), tous deux aux éditions Fides (2013) christinelemaire.com

 

Sonya, Fred, Mélanie et Marie-Ève, parents fréquentant La Maison à petits pas, de Hochelaga-Maisonneuve www.lamapp.org