Entre la puberté hâtive ou tardive: lorsque le corps fixe ses règles

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Date de publication

mercredi 12 décembre, 2012

Il me semblait entendre depuis quelques années des rumeurs selon lesquelles la puberté des enfants, surtout des fillettes, devenait plus précoce, entraînant ainsi tout un chapelet de conséquences négatives : trouble d’estime de soi, de l’alimentation, hyper­sexua­lisation... Je décidai donc d’aller interroger des spécialistes de la question. Quelle ne fut pas ma surprise de me faire retourner la question : « Est-ce qu’on en parle beaucoup plus qu’avant de la puberté ? » Selon Dominique Meilleur, psychologue clinicienne, on s’inquièterait plutôt de la manière dont les enfants vivent leurs premiers émois sexuels à notre époque. Mais qu’en sait-on, au juste ?

 

LA DIFFÉRENCE N’EST PAS UNE MALADIE


En investiguant davantage, on découvre que les données les plus citées pour appuyer les consensus en pédiatrie et en endocrinologie, concernant la norme pubertaire des jeunes filles, reposent principalement sur deux études, l’une publiée par W.A. Marshall et J.M Tanner, en 1969, l’autre par M.E. Herman-Giddens, en 1997 (citées par Kaplowitz et coll. 2012, Huot 2011). Une dernière étude, publiée en 2010, affirmerait toutefois que les premiers signes de la puberté seraient deux fois plus fréquents chez les fillettes blanches entre 7 et 8 ans du temps de son étude que de celle d’Herman-Giddens, mais cette différence serait moindre chez les hispano-américaines et nulle chez les afro-américaines. Est-ce suffisant pour parler d’une baisse récente et spectaculaire de l’âge du début de la puberté ? La recension des écrits permet tout au plus de conclure à une baisse d’environ 3 mois au cours des derniers 30 ou 40 ans, un changement probablement lié à l'environnement puisqu’il varie selon l’origine géographique et ethnique. Cependant, Élise Dubuc, gynécologue-obstétricienne auprès des adolescentes, considère que la science n’a pas tous les éléments nécessaires pour déduire s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle : « On peut penser que le corps évolue plus vite parce que les femmes mangent mieux qu’avant. Dans ce cas, ce serait une bonne nouvelle. Mais si on met cette diminution de l’âge sur le dos de l’augmentation des cas d’obésité ou de la présence d’un plus haut taux d’œstrogène dans notre environnement, c’est moins positif. »

 

Malgré ces interrogations, la science comprend maintenant mieux les rythmes et les liens entre les hormones, l’humeur, les troubles de comportements et les difficultés qui en résultent. « L’ordre normal de la puberté s’observe à partir de ce que l’on appelle le développement des “attributs sexuels secondaires”. Cela commence vers 10,9 ans chez la fille par l’apparition des seins (c’est la thélarche), puis des poils pubiens (la pubarche), ensuite les poils sous les bras et les odeurs corporelles (l’adrénarche), une bonne poussée de croissance vers l’âge de 12 ans et enfin, aux environs de 12,7 ans, les menstruations (la ménarche). Environ deux ans entre les premiers signes au niveau des seins et les règles », résume Élise Dubuc. Il faut compter quelques années de plus pour les garçons chez qui l’âge du début de la poussée de croissance et de l’augmentation des testicules serait fixé à 11,5 ans et de l’adrénarche à 12,0 ans (Huot 2011).

 

Toutefois, il faut que l’âge de la puberté s’éloigne de cette norme de plusieurs années, et que les signes de la puberté commencent à apparaître avant 7 ans, et même 6 ans pour une fillette afro-américaine, pour qu’un réel diagnostic de puberté précoce soit posé. Les diagnostics de puberté tardive ne sont posés, quant à eux, que lorsqu’aucun signe de puberté n’apparaît avant 13 ans ou que les menstruations, à 15 ans, n’ont pas encore donné signe de vie. Même devant les premiers signes hâtifs de puberté, le docteur Dubuc souligne que, bien souvent, la nature ralentit d’elle-même et que la meilleure stratégie demeure d’observer et de rassurer les parents. Ces conclusions vont d’ailleurs dans le même sens que les travaux de Kaplowitz (2004) qui a noté que, sur l’ensemble des cas d’enfants qui lui étaient référés pour leurs signes de puberté précoce, seulement 9 % ont vu leurs signes précurseurs se transformer en une réelle puberté précoce, et 4 % ont finalement nécessité une solution chirurgicale ou hormonale.

 

Pourtant, d’autres éléments font parfois pencher le docteur Dubuc pour un traitement hormonal : « Lorsque la poussée de croissance apparaît trop tôt, on peut décider de la traiter notamment à cause des conséquences sociales, parce que ce n’est pas facile pour une petite fille de vivre avec un corps différent ou perçu par les autres comme un corps de femme. On peut ralentir aussi la croissance afin de s’assurer que, plus tard, la petite fille aura une taille normale parce que, paradoxalement, grandir trop vite peut pousser les os à terminer leur croissance plus rapidement et, en conséquence, l’enfant devient une adulte plus petite que les autres. » Dans les cas de puberté tardive aussi, elle peut considérer qu’il est préférable de prévenir une carence en œstrogène pour favoriser la santé globale de la jeune fille.

 

Devant la manifestation d’un retard ou d’une précocité, son souci premier demeure cependant et avant tout d’en identifier les causes. Outre les causes plus « visibles » comme le surpoids chez le garçon (Huot 2011) et la fille (Kaplowitz 2004), Élise Dubuc explore aussi la possibilité d’une sécrétion précoce d’hormones due à un cancer au cerveau ou encore une tumeur ou un kyste à un ovaire ou aux surrénales. Dans le cas d’un retard pubertaire féminin, l’explication est plutôt recherchée dans le développement prénatal, du côté des chromosomes ou des anomalies dans les étapes de la détermination du sexe de l’embryon. En ce qui concerne les retards chez les jeunes garçons, les écrits (2007) des pédiatres Danielle Taddeo et Marc Girard pointent du doigt des syndromes congénitaux, quelques maladies chroniques ou les dysfonctions reliées aux gonades ou au système hormonal. Si l’hormonothérapie et la chirurgie esthétique ou réparatrice parviennent à pallier certains aspects chez les deux sexes, ces diagnostics de puberté tardive annoncent quand même parfois l’infertilité chez le garçon et encore plus chez la fille.

 

Si les diagnostics provoquent moins de remous chez les fillettes de 3 à 6 ans, le soutien psychologique s’avère plus nécessaire lorsqu’Élise Dubuc en fait l’annonce aux jeunes filles aux prises avec une puberté retardée, plus conscientes de l’impact sur leur vie. Lorsque l’anorexie entre en cause dans le retard ou l’arrêt des menstruations, l’entourage peut aussi se retrouver confronté à beaucoup de dénis et même au refus de consulter. Cependant, selon la psychologue et psychanalyste Danielle Doiron, lorsque ces jeunes filles acceptent, elles se donnent l’opportunité de prendre conscience d’un mal-être qui s’exprime à travers ce symptôme et, lorsqu’il est mis à jour, commence à s’apaiser : « Souvent, il est le résultat d’un désir inconscient de demeurer une petite fille, par difficulté à faire face aux enjeux de la séduction, mais aussi au processus menant à l’autonomie. Paradoxalement, l’obésité aussi peut, chez certaines jeunes filles, exprimer cette difficulté inconsciente à devenir une femme, mais cette fois en enrobant les formes de la féminité et en affichant une apparence de gros bébé. »

 

UNE MÉTAMORPHOSE, DU DEUIL À LA FIERTÉ


Même lorsque tout semble normal, cette grande métamorphose demeure toutefois tout un défi pour des enfants aussi jeunes, selon madame Meilleur : « C’est une étape qui amène quand même des bouleversements et des angoisses parce que l’on perd le contrôle, on ne sait pas trop où des changements nous mèneront, comme l'apparence. Ce qui est particulier à l’adolescence, c’est la rapidité des changements. Entre 30 et 50 ans, on vit des changements graduels que l’on a du mal à accepter; alors, imaginez lorsque tout survient en quelques années. Personne n’aime perdre le contrôle, mais les jeunes n’ont pas le choix de les intégrer, parce que ces changements corporels vont faire partie de leur identité future. »

 

Et s’il n’y a pas de recette magique pour prévoir ce que deviendra le corps, il n’y en a pas non plus pour prévoir comment se vivront ces changements. Il semble néanmoins que pour les enfants, et surtout les petites filles qui se développent avant les autres, les transformations corporelles sont souvent des phénomènes qui s’apprivoisent et s’acceptent avec le temps. Ces fillettes ont à gérer les nouveaux soucis logistiques liés à leur hygiène et ne peuvent pas nécessairement compter sur l’expérience, ou même la sollicitude de leurs camarades. Danielle Doiron se rappelle de la prise de conscience, bien des années plus tard, d’une jeune fille qui avait cherché volontairement à cacher son corps et à s’enlaidir afin d’éviter l’exclusion du groupe d’amies : « Son corps, affichant des attributs féminins bien avant ceux des autres, éveillait des émotions de jalousie chez ses copines. Aujourd’hui encore, elle a à travailler cette difficulté. »

 

Toutefois, selon Élise Dubuc, « globalement, les enfants qui ont une meilleure estime d’eux-mêmes s’adaptent mieux à leur transformation corporelle. J’observe beaucoup plus cette tendance que celle des enfants qui se mettraient à douter d’eux-mêmes parce que leur corps se transforme ». Pour Danielle Doiron, cette acceptation de soi et de ses transformations corporelles s’inscrit dans une démarche globale vers l’autonomie qui aura été soutenue par des parents suffisamment matures. Les parents, tout comme les enfants, ne peuvent éviter en effet un certain deuil, celui du petit enfant qu’ils aimaient, dans le cas des parents, et pour les enfants, celui des rapports d’affection qui sont à revisiter maintenant que leurs parents sont parfois moins à l’aise de câliner leur corps d’adulte. Avant même que les enfants parviennent à affirmer leur identité d’adulte sexué et à vivre pleinement cette période de l’adolescence où ils s’ouvrent davantage à leurs pairs, le fait de se sentir encouragés dans leur famille à aller de l’avant a donc toute son importance. Parents et enfants peuvent néanmoins ressortir enrichis de cette relation si elle est moins basée sur la coercition, et où le jeune apporte de plus en plus, durant les échanges, de ce que ses rapports au monde lui ont permis d’acquérir. Cette acceptation peut aussi, selon Dominique Meilleur, se refléter dans le regard porté sur le corps : « Un regard de fierté saine du parent qui montre qu’il est heureux de le voir à une autre étape de sa vie, qui lui dit qu’il est beau ou belle : cela représente beaucoup de choses dans une vie. Même si l’enfant n’est pas le plus beau, au fond, il se sent accepté et cela, c’est fondamental. »

 

Élise Dubuc fait également remarquer qu’en revanche, si les enfants cherchent leur autonomie, ils ne sont pas en mesure de l’assumer du jour au lendemain sans l’encadrement des parents. « Les recherches le prouvent, c’est biologique : les adolescents sont plus impulsifs, réfléchissent moins avant d’agir que les adultes. » Les parents ont encore un rôle de guide à jouer auprès de leurs enfants qui ne sont pas encore prêts à aimer comme des adultes, mais ont déjà un grand désir de séduire et de contempler, de réagir devant ce que leur nouveau corps projette. Selon Dominique Meilleur, « lorsqu’une adolescente de 13-14 ans a déjà un corps développé comme à 20 ans, et se fait regarder comme un être déjà sexuellement mature, cela peut être énervant, mais on n’a pas de maîtrise sur le regard de l’autre ». Elle constate néanmoins que cette ambivalence par rapport au corps et à ce qu'il projette demeure au fondement même de l’adolescence : « Les jeunes sont conscients du regard des autres, qui commence à changer à leur égard. Alors, ils se couvrent davantage, mais en même temps, ils ont envie de le montrer. Je pense qu’il faut leur laisser une place pour montrer et mettre en valeur leur corps. Révéler son corps, ce n’est pas positif ou négatif d’emblée. C’est lorsque la personne ne mise que sur son corps pour se faire aimer que l’on peut commencer à soupçonner une estime de soi trop fragile. »

 

Pour les plus fragiles, toutefois, des remarques des pairs ou des parents sur le corps peuvent avoir des conséquences plus dramatiques : « Encore aujourd’hui, il m’arrive de rencontrer des mères qui me disent avoir du mal à résister à la tentation d’essayer de se conformer aux modèles de minceur inaccessibles qui défilent à cœur de jour alors, imaginez ce qu’il peut en être pour des adolescentes à un âge plus conformiste ! Ce n’est pas toujours évident pour les mères de convaincre leur fille qu’il est normal d’avoir des formes. En ce sens, les filles qui ont une puberté retardée, pour autant qu’elles ont une croissance normale, correspondent beaucoup plus à notre standard actuel de beauté, avec ces mannequins filiformes », mentionne Élise Dubuc. L’insatisfaction concernant son image corporelle peut alors mener des jeunes, surtout les filles, à des comportements alimentaires inadéquats, alors que chez les garçons, les risques se situent plus fréquemment du côté de l’entraînement excessif et de la prise de stéroïdes. Les garçons partiraient avec une longueur d’avance pour l’acceptation des changements corporels, premièrement parce que les premiers signes de la puberté sont plus subtils chez eux, deuxièmement parce qu’ils surviennent légèrement plus tard et troisièmement parce qu’ils sont mieux acceptés. « Ils sont contents, même jeunes, d’être plus grands et d’avoir de la barbe. Il y a peut-être la mue de la voix qui peut susciter des commentaires, mais dès qu’elle se place, les préoccupations s’estompent », remarque Dominique Meilleur.

 

Les adolescents peuvent aussi appréhender d’être moins séduisants puisque, même lorsque les hormones ne jouent pas encore pleinement leur rôle, le désir de plaire, lui, est déjà bien présent. Les enfants pubères tardivement ne seraient pas à l’abri non plus de la crainte de l’intimidation ou simplement d’être le plus petit que tout le monde domine lorsque la puberté se fait attendre. Les docteurs Taddeo et Girard (2007) remarquent que ces craintes deviennent souvent réalité pour les jeunes garçons. En effet, Danielle Doiron se souvient d’un jeune qui, pris dans cette situation, est devenu violent et impulsif pour tenter de gagner le respect de ses pairs après avoir échoué dans ses tentatives pour se faire protéger par les adultes l’entourant.

 

ACCOMPAGNER PAR-DÉLA L’ENFANCE


Dominique Meilleur définie également d’autres signes susceptibles de laisser présager que l’enfant commence à trouver le rythme de son corps un peu trop tyrannique pour son entendement, par exemple lorsque l’enfant verbalise des inquiétudes sur les transformations de son corps et ses conséquences et lorsque cette anxiété prend de plus en plus de place, commence à toucher la vie scolaire, l’amène à se désinvestir de ses passions et que le parent ne parvient plus à le rassurer. « On peut voir aussi que certains enfants s’isolent ou refusent d’aller se baigner même quand il fait chaud. » Dans ces différents cas, elle propose aux parents de tenter d’aborder le sujet de la croissance avec leur enfant, à plus forte raison si son attitude les inquiète : « Même si le jeune ne répond pas, cela lui permet de voir au moins que l’on est ouvert à aborder le sujet. Mais si on en parle tout le temps, on risque d’obtenir l’effet inverse. Tout est dans le dosage. »

 

Le docteur Dubuc souligne d’ailleurs que dans le pronostic, la manière dont le jeune accepte les changements de son corps est une variable à prendre en considération, et avec raison puisque, d’après certaines études, la puberté avant l’entrée au secondaire chez les jeunes Québécois et Québécoises serait statistiquement liée à un risque plus élevé de dépression (Bélanger et Marcotte, 2011) et que la puberté précoce chez la fille, tardive chez le garçon, mène à un plus grand risque de comportements suicidaires (Huot 2011). Pour ce qui est de la puberté précoce, celle des garçons serait toutefois 5 fois moins fréquente que celle des filles (Kaplowitz et coll. 2012). Dominique Meilleur déplore cependant que la recherche commence à peine à s’intéresser à la puberté des garçons : « Pourtant, des études récentes nous apprennent que ceux qui ont une puberté précoce ont plus de comportements sexuels exploratoires, plus de problèmes de comportements et de santé mentale. Les jeunes garçons sont moins portés à demander de l’aide... comme plusieurs hommes adultes, dans le fond. Est-ce vraiment parce qu’ils ont moins de préoccupations ou parce qu’il faudrait poser les questions autrement ? »

 

Élise Dubuc observe toutefois que les parents doivent aborder la chose avec, bien souvent, des connaissances limitées de la biologie et parfois beaucoup de malaise. Ils comptent alors sur les médecins ou l’école pour pallier cette lacune. Pourtant dans les pratiques quotidiennes des pédiatres, la progression pubertaire ne fait plus nécessairement partie de la routine, pas plus que l’éducation sexuelle ne fait partie du programme actuel des enseignants, même si la propagation des ITSS est en pleine croissance et que les sources de croyances erronées sont très nombreuses. L’évocation du sujet peut, il est vrai, admet Dominique Meilleur, susciter quelques réticences, s’il se centre davantage sur les appréhensions du parent que sur les préoccupations de l’enfant : « Pour bien des parents, penser que leur fille devient fertile, cela signifie : elle peut tomber enceinte ! Mais pour elle, les transformations ne sont pas toujours nécessairement associées à la grossesse. » Cette prise de conscience renvoie aussi le parent à sa propre puberté : « Pour ceux qui vivent plus difficilement leur sexualité, guider leur enfant peut devenir plus ardu », constate madame Meilleur. Selon les études statistiques consultées par Élise Dubuc cependant, et contrairement à ce que laissent croire les discours sur l’hypersexualisation, les jeunes d’aujourd’hui démontrent qu'ils n’ont pas de rapports sexuels complets plus tôt que les générations précédentes, même s’ils semblent banaliser davantage certaines pratiques sexuelles.

 

Pourtant, les parents qui, lorsqu’il n’y a pas d’anomalie majeure, ont habituellement vécu leur puberté environ au même âge que leurs enfants du même sexe, sont donc souvent bien placés pour en faire ressortir les avantages, selon Danielle Doiron : « Par exemple, les enfants qui commencent leur puberté plus tard ont parfois une croissance qui se termine plus tard dans leur vie et finissent par être plus grands que les autres, ce que les jeunes garçons aiment bien entendre. » Le docteur Dubuc remarque également que la plupart des parents qui osent dévoiler leur expérience s’en sortent bien, surtout avec les plus jeunes : « Il est évident que si la mère en parle de manière négative, ce n’est pas aussi aidant, mais d’après ce que j’observe, dans la majorité des cas, les parents parviennent à décrire comment cela s’est passé pour eux d’une manière assez neutre. C’est très positif, pour l’enfant, de savoir ce qui s’en vient pour lui, surtout s’il est parmi les premiers de son entourage, parce que l’inconnu, c’est angoissant. »

 

Ces échanges gagneraient donc toutefois à évoluer avec ceux à qui ils s’adressent, en fonction également de leur capacité d’abstraction qui s’accroît tout au long de l’adolescence, quitte à revenir plus tard sur le sujet. Les parents peuvent alors développer l’art de discuter avec ce nouvel adulte qui a droit à son jugement sur son propre corps : « Lorsqu’une jeune fille se montre critique concernant son apparence, il vaudrait peut-être mieux, avant tout, lui refléter comment elle se juge, lui faire remarquer ce qu’elle dit sur elle-même. On a tendance à dire “non, tu n’es pas comme cela”, mais à cet âge, le regard que les jeunes portent sur eux-mêmes est important. Il faut en tenir compte », suggère également Dominique Meilleur.

 

 

MERCI À :


Élise Dubuc, Obstétricienne-Gynécologue, en cours de spécialisation en Gynécologie pédiatrique et de l'adolescence au Sick Children Hospital de Toronto

Dominique Meilleur, psychologue clinicienne et professeure à l’Université de Montréal
Danielle Doiron, psychologue et psychanalyste à l’Hôpital Rivière-des-Prairies

 

RÉFÉRENCES CITÉES :


Marianne Bélanger et Diane Marcotte.Puberté, image corporelle et attitudes dysfonctionnelles : les différences entre les filles et les garçons durant le passage primaire-secondaire , Santé mentale au Québec, vol. 36, no 1, 2011, pp.131-148.


Céline Huot. Puberté hâtive ou précoce ? Visio-conférence du Réseau Mère-Enfant, CHU Sainte-Justine, 25 janvier 2011,  http://www.chu-sainte-justine.org/documents/Pro/Puberte%20hative%20ou%20precoce.pdf.


B. Kaplowitz. Extensive personal experience, Clinical characteristics of 104 Children Refered for evaluation of puberty Journal of endocrinology and metabolism, 2004, vol 89, no 8, pp. 3644-3650.


Paul B. Kaplowitz. Precocious puberty . Medscape Reference, 2021,  http://emedicine.medscape.com/article/924002-overview.


Danielle Taddeo et Marc Girard. Croissance et développement pubertaire des garçons . Médecin du Québec, Montréal, vol. 42, no 4, avril 2007, p.29-34.


Frank M. Biro et coll. Pubertal assesment method and baseline charascteristics in a mixed longitudian study, Pediatrics, vol. 126, no. 3, septembre 2010.