La Génération Maintenant… Faut-il patienter pour être heureux ?

Retour aux articles

Date de publication

vendredi 17 février, 2012

Ressource

Anik Routhier

Je suis une grande amatrice de musique. Alors que j’écoutais la chanson des Black Eyed Peas, Now Generation, j’ai réalisé que les enfants d’aujourd’hui font souvent partie de cette génération qui veut tout MAINTENANT. Dans un monde où l’instantané prime, comment développer la patience et faire apprécier à nos enfants l’attente qui précède la réalisation de leurs désirs ? Comment favoriser leur bonheur sans que cela passe par une réponse immédiate à toutes leurs envies ? Voici quelques pistes de réflexion pour régler le syndrome du « je-veux-tout-maintenant », mais aussi une singulière posologie de famille que je vous suggère de mettre en pratique dès… MAINTENANT !

 

Le moment présent – Ou l’envers du décor du « je serai heureux quand… »

Analysez vos paroles un instant. Vous arrive-t-il de dire : « Je serai (plus) heureux, heureuse quand… » Cette phrase peut être terminée à toutes les sauces : quand j’irai en vacances (en espérant que ce soit le derrière dans le sable chaud du Sud, mais sans que ça coûte la peau des fesses)… Quand la fin de semaine sera arrivée (à condition qu’il fasse beau, évidemment, et que je n’aie pas trop de tâches à la maison)… Quand mon conjoint va être plus romantique (ou que ses abdominaux me feront penser à ceux de Nico Archambault ;-) grrr… Hum… Excusez-moi, cette image m’empêche momentanément d’écrire)… Quand mes enfants vont se ramasser par eux-mêmes sans que je leur demande (on peut toujours rêver !)… Quand j’aurai de beaux vêtements (en taille 5 ou moins, il va sans dire)… Quand j’aurai rénové la cuisine (sans avoir besoin de défoncer mon portefeuille)… Et, et, et… si vous avez tendance à utiliser cette phrase, vous trouverez toujours à redire.

 

Diagnostic : insatisfaction chronique et incapacité à profiter du moment présent, le tout transmissible génétiquement. Eh oui ! Vos enfants sont probablement semblables à vous. Ainsi, parions qu’ils vous assaillent de demandes incessantes : une console de jeu, des vêtements griffés, une sortie coûteuse... Contrairement à vous, ils ne supportent pas d’attendre. Ils veulent régler leur insatisfaction sur-le-champ.

Dans notre société de consommation, il m’apparaît plutôt peu étonnant que les enfants, entourés de messages laissant croire que combler rapidement ses désirs constitue la voie express vers le bonheur, puissent souffrir du « je-veux-et-j’exige-maintenant ». Vous devrez donc les défaire de cette habitude par une saine désensibilisation.

 

Le traitement par excellence : faites patienter… — Ou le processus versus le résultat

Supposons que vous rêvez d’une escapade en amoureux avec votre conjoint. Sitôt cette idée formée dans votre esprit, un génie réalise votre vœu. Quarante-huit heures plus tard, vous êtes revenue de cette fameuse fin de semaine. Vous avez passé de beaux moments, certes… Mais qu’en est-il de la joie de préparer quelque chose, d’imaginer le bonheur que l’on ressentira, de « compter les dodos » avant le jour « j  ? Le bonheur réside aussi dans le processus, pas seulement dans le résultat. Souvent, d’ailleurs, le résultat est si bref que finalement, l’attente pourrait avoir généré plus d’exaltation.

Rendez service à vos enfants : faites-les patienter quasi systématiquement. Difficile, me direz-vous ? Songez qu’en faisant cela, vous atteignez quelques objectifs non négligeables.

Primo, vous testez leur véritable envie de la demande en question. Si cela ne compte pas vraiment, l’idée sera vite reléguée aux oubliettes (votre compte en banque appréciera et vous n’accumulerez pas un tas d’objets inutiles qui vous font hurler devant l’aspect bordélique de la chambre de vos enfants).

Secundo, en faisant attendre votre enfant pour répondre à ses envies, vous impliquez votre rejeton dans le processus de matérialisation de la demande. Il veut telle ou telle chose ? Très bien. Cependant, il devra prouver sa bonne volonté : patienter jusqu’à la prochaine célébration pour le recevoir en cadeau, participer aux coûts d’acquisition, travailler en échange... Vous habituez ainsi votre enfant à clarifier ses besoins, à se responsabiliser par rapport à eux et, ce faisant, à mieux apprécier l’objet une fois celui-ci obtenu.

Tertio, en suscitant une période de latence, vous aidez votre enfant à apprécier l’attente. Laissez-le imaginer ce qu’il fera une fois son souhait exaucé, quel plaisir il ressentira à ce moment. Bref, créez un bonheur immédiat par le biais d’un bonheur à venir, en vous concentrant sur les joies du processus d’obtention, en visualisant avec gaieté les réalisations à venir.

Rappelez-vous les objets pour lesquels vous avez trimé pendant votre jeunesse… Je parie que vous les avez attendus avec délectation, puis que vous en avez pris grand soin. Vous les avez appréciés davantage, et plus longtemps, car ils revêtaient une plus grande valeur à vos yeux. En ce qui me concerne, c’est le même principe pour ce qui n’est pas matériel : terminer un projet de longue haleine comme mon premier roman, conquérir le partenaire de mes rêves après une longue entreprise de séduction, réorienter ma carrière et obtenir enfin le poste convoité, accoucher d’un bébé en santé après une fausse couche tardive dans la grossesse précédente… Toutes ces expériences furent des plus merveilleuses quand elles se concrétisèrent, parce que cela avait nécessité une grande (que dis-je, incommensurable) patience pour l’impatiente que je suis. Pourquoi priver les enfants d’un tel vécu ?

 

L’élixir de l’appréciation : la gratitude

Évidemment, patienter n’est pas toujours rose. En fait, s’il y a une chose pour laquelle je ne veux pas que mes enfants et moi patientions, c’est bien le bonheur ! Je le veux pour ma famille MAINTENANT. Or, c’est tout à fait possible. Il suffit d’éprouver de la gratitude MAINTENANT pour ce que l’on possède d’ores et déjà. Et cela, nous pouvons le démontrer à nos enfants. Je suis convaincue que c’est dans notre attitude et non dans nos possessions que nous trouvons le bonheur… Alors, si apprendre aux enfants à être heureux MAINTENANT, avec ce qu’ils ont déjà, ce qu’ils sont, devenait une priorité ?

 

Anik Routhier

lubiesdemaman.wordpress.com

www.croissance-personnelle.com

www.la-mere-est-calme.com