L’école des parents

Retour aux articles

Date de publication

mardi 20 août, 2019

Ressource

Anik Routhier

À la veille de la rentrée scolaire, vous vous préparez peut-être à accompagner votre enfant dans ses premières leçons d’arithmétique. Il est maintenant temps pour lui de maîtriser les concepts d’addition et de soustraction… Facile, dites-vous, ce n’est tout de même pas de l’algèbre ! Mais en ce qui concerne votre vie familiale, êtes-vous en mesure d’effectuer les bons calculs afin d’additionner ou de soustraire des éléments adéquats de votre vie, afin que l’équation demeure positive ? Maîtrisez-vous votre géographie familiale pour que les territoires et frontières de chacun soient respectés ? Suivez-vous les règles ou, comme pour la grammaire, les exceptions sont légion lorsque vous énoncez des consignes ?

Cet article sans prétention vous propose de réviser vos « matières », pour que votre année scolaire familiale se vive sous l’angle de la réussite parentale. À vous le diplôme !

 

Mathématique : ajuster les + et les dans votre vie 

Certaines équations méritent d’être analysées pour viser l’équilibre. Cela dit, comme pour les nombres, chaque élément peut être positif ou négatif, et cela change le résultat de l’équation…

  • + de souplesse et – de planification d’activités = + de temps pour vivre

En effet, à vouloir planifier trop d’activités parascolaires ou de sorties, il devient difficile de profiter réellement de la vie et de souffler un peu… Laissez-vous parfois surprendre plutôt que de tout contrôler. Les activités (ou le repos !) spontanées font plaisir aux enfants.

  • + de planification de tâches et – de procrastination = – d’imprévus et + de temps pour faire ce qui est important

Si ne pas trop planifier d’activités peut sembler bénéfique, oublier de planifier les tâches peut, au contraire, vous faire perdre bien du temps. Lorsque des incontournables ou des priorités se présentent, il vaut mieux opter pour le meilleur moment afin de les effectuer, de manière à ne rien oublier. Ce souci d’optimaliser vous fera gagner un temps précieux…

  • + de paresse et – de course = – de stress

Avez-vous considéré d’en faire moins et de paresser de temps à autre ? Courir le marathon parental ne fera pas de vous un champion. Choisissez avec soin ce qui est vraiment essentiel, et aménagez du temps pour vous reposer.

Quels éléments devraient être ajustés, à la hausse ou à la baisse dans votre vie, pour obtenir les résultats souhaités ?

 

Français : connaître les exceptions pour mieux appliquer les règles

Il n’est pas toujours évident d’appliquer avec constance les règles de la maison, surtout si vous avez tout un lot de règles. Choisissez-en idéalement peu, mais faites-les respecter invariablement. Cela dit, la vie, c’est comme le français : il y a parfois des exceptions.

Si, un jour ou l’autre, vous avez envie de faire une exception pour déroger à une règle, faites savoir à votre enfant qu’il s’agit bel et bien d’une exception, et que celle-ci ne se reproduira pas de sitôt. Si vous accordez trop souvent des dérogations, ou que vous n’appliquez les conséquences qu’exceptionnellement, votre enfant comprendra que les règles peuvent être facilement contournées, et son comportement sera aussi difficile à suivre que la calligraphie de certains ! Bref, chaque règle peut avoir ses exceptions, mais l’exception ne doit pas devenir la règle. 


Géographie : respecter le territoire de chacun et connaître les frontières

Comment gérez-vous votre espace familial ? Les enfants empiètent-ils sur votre territoire ? Les lieux communs sont-ils ordonnés ? Respectez-vous la frontière des jeunes en évitant de régenter leur chambre ?

La gestion de l’environnement s’avère souvent source de conflits, mais aussi de tâches fastidieuses ou inutiles. Votre vision d’une chambre rangée n’est peut-être pas identique à celle de vos enfants (ou pire, adolescents !), ou à celle de votre conjoint. Il importe donc de trouver des manières de vous simplifier la vie pour limiter les batailles territoriales et établir clairement les territoires exclusifs de chacun et les zones communes.

Personnellement, je demande à mes enfants de ranger leur chambre une fois par semaine (lorsqu’ils partent chez leur père), et je « ferme les yeux » sur l’état des lieux le reste de la semaine. Je vis honnêtement beaucoup mieux depuis que je fais cela, ce qui ne m’empêche pas d’aimer les pièces bien rangées. Ma chambre et les zones communes sont épurées, mais je laisse les jeunes décider de ce qu’ils font avec leur zone. Avec mon conjoint, je contourne les problèmes en ayant tout simplement déposé à quelques endroits stratégiques de beaux petits paniers qui accueillent toutes ses traîneries (selon mon point de vue, évidemment ! ??). Elles sont donc hors de ma vue, et mon amoureux n’a pas à se forcer à les ranger outre mesure.

 

Histoire : éviter la guerre et gérer les conflits

La maison se transforme parfois en terrain miné, et les êtres aimés se métamorphosent alors, malgré eux, en féroces adversaires. En effet, que ce soit avec les enfants ou le conjoint, les sources de désaccord peuvent être nombreuses. Il vaut mieux, dans ce contexte, choisir ses batailles avec soin. Y a-t-il des combats que vous pourriez ne plus mener ? Parfois, ce sont les plus petites batailles qui sont les plus éreintantes. Personnellement, ma lutte pour que les gens éteignent les lumières en quittant une pièce a duré au moins une décennie. Du jour au lendemain (sûrement à cause d’une illumination due à trop de lumière dans mon logis, ha ! ha !), j’ai décidé de lâcher prise et de ne plus courir après les membres de ma famille pour qu’ils ferment les interrupteurs. J’aurais dû abandonner bien avant, puisque la différence sur mon compte d’Hydro aurait été minime, mais celle dans mon compte de « paix mentale », gigantesque ! 

En fait, la plupart de nos combats récurrents paraissent des défaites assurées, quand on y pense bien. Pourtant, nous nous obstinons à tenter de convaincre les autres de faire ou d’agir selon nos demandes. Or, si quelque chose ne fonctionne pas comme nous le voulons et que nous avons tenté pendant longtemps de gagner, il vaut sûrement mieux renoncer avant de causer trop de dommages collatéraux. Tout comme dans une guerre, il vaut parfois mieux abdiquer que de mettre tous les membres de ses troupes en danger en s’acharnant contre un ennemi trop fort. 

Cela dit, certaines stratégies de combat permettent de gagner en amadouant l’adversaire. En bon diplomate, sachez diminuer ou, idéalement, enrayer les critiques. Personne n’y réagit positivement, alors à quoi bon ? En outre, le silence constitue une excellente manière d’obtenir davantage, en maintenant l’estime et la paix d’esprit de notre interlocuteur. 

 

Arts : faire preuve de créativité

Avec l’avènement des technologies, les jeunes semblent moins enclins à s’occuper de manière créative. Comment envisagez-vous la créativité de vos enfants ? Être confronté à l’ennui sans technologie pousse à trouver d’autres activités. Le dessin, l’écriture ou les jeux de société constituent des idées simples, mais efficaces. Cela dit, votre côté « artiste » peut aussi s’exprimer en cuisinant avec les enfants, en faisant un petit tournage familial pour le plaisir, en construisant des trucs avec du matériel de récupération, etc. Qu’est-ce que l’artiste en vous a le goût de partager avec ses enfants ?   

 

Éducation physique : en forme, un pas à la fois

Garder la forme lorsque nous avons des responsabilités parentales ne va pas toujours de soi. Cela dit, une vie active ne nécessite pas nécessairement la pratique quotidienne de sport. Marcher jusqu’au travail (ou débarquer à l’arrêt précédent le vôtre dans les transports en commun), se garer au fond du stationnement quand vous allez au centre commercial plutôt que de faire cinq fois le tour des allées pour être plus proche, prendre les escaliers plutôt que les ascenseurs de manière systématique, voilà quelques petits gestes qui font une différence à long terme. De plus, en vous voyant ainsi bouger, vos enfants disposent d’un modèle sain.

Cela dit, la pratique du sport fait du bien. Plusieurs endroits offrent des cours parents-enfants vous permettant de bouger en même temps que votre petit. D’autres établissements (comme des salles de gym) ont un local où les jeunes peuvent s’amuser pendant que le parent s’entraîne. Si vous trouvez un endroit près de la garderie de votre enfant, vous pouvez aussi prendre l’habitude de vous y rendre avant de passer chercher votre petit. Trente minutes suffisent et votre enfant demeure avec ses amis, pendant ce temps. Que demander de mieux ?

 

Philosophie : quel sens donner à la vie familiale ?

La philosophie pour enfants fait son entrée dans plusieurs écoles primaires… Les pauvres, dites-vous, en vous rappelant vos cours obligatoires ! Au contraire, les enfants aiment discuter, réfléchir et philosopher. N’hésitez pas, lors des repas, à découvrir leur vision de la vie. Certains jeux (comme Brin de jasette) comportent une liste de questions amusantes à se poser pendant les repas ou lors de longues routes, par exemple… Visitez votre librairie pour faire votre choix, ou fabriquez une boîte à question avec vos enfants !

 

On ne cesse jamais d’apprendre !

Cette série de réflexions familiales sur le thème scolaire me rappelle que, dans la vie, on n’a jamais fini d’apprendre ! Qu’on soit sur les bancs d’école ou sur ceux de la vie, les découvertes et les changements sont toujours présents. Il importe donc de continuer d’ajuster ses connaissances et ses manières de faire. Après tout, ce n’est pas parce que nous avons notre « diplôme de parent », reçu à la naissance de notre enfant, que nous n’avons pas besoin de séances de perfectionnement de temps à autre !

 

Anik Routhier
Enseignante en Techniques d’Éducation à l’enfance