Entre le rythme solo et la recomposition du bonheur

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Date de publication

jeudi 16 juillet, 2020

Comment parvenir à l’harmonie familiale recomposée à partir de ses repères de célibataire sans enfant ?

De nos jours, contrairement aux contes de fées d’autrefois, il peut arriver que la phrase de fin « ils eurent beaucoup d’enfants » arrive avant même que ne commence le récit amoureux. Mais la suite n’en reste pas moins pleine de rebondissements, surtout lorsqu’on décide de s’aventurer, hors de ses repères de chevalier solitaire, dans un monde où notre grand amour et quelques petits lutins vivent déjà selon leurs propres règles.

 

Grandir à l’ombre des mythes

Et même si le temps passe, les contes d’autrefois recèlent quelques images encore trop vivantes dans l’esprit des enfants et de leur entourage, lorsqu’il s’agit de définir le rôle de beau-parent dans les contextes de recomposition actuels. Lors de ses recherches sur la représentation des beaux-pères, Marie-Christine Saint-Jacques a pu observer, à partir de mises en situation, que, devant la description d’une même situation ambiguë, les beaux-pères sont soupçonnés nettement plus souvent d’abus sexuel que les pères. Mais les chercheuses rencontrées s’entendent toutes sur le fait qu’un regard encore plus sévère est porté sur les belles-mères : « l’instinct maternel » manquerait à l’appel, lorsqu’il s’agit d’interagir avec les enfants de son conjoint. « Si je regarde une mère qui s’impatiente avec son enfant, je peux vous dire qu’elle s’est impatientée parce que c’est difficile d’avoir de jeunes enfants. Mais on sait que si c’est une belle-mère, la chose qui va ressortir est que “Ça paraît que ce ne sont pas ses enfants”», explique Mme Saint-Jacques. 

Ces stéréotypes peuvent aussi finir par influencer les comportements bien concrets des parents qui, selon l’enseignante en santé mentale Pascale Reny, sont prêts à modifier leur comportement en grande partie afin de se dissocier de ces stéréotypes, surtout en début de relation. Ce qui peut signifier, pour les hommes, de se « mêler de leurs affaires » et d’éviter les liens trop chaleureux avec les enfants, tandis que du côté de la femme : « Le spectre de la belle-mère, ce serait de se préoccuper des goûts et des besoins (parce que ce sont encore malheureusement les soucis des femmes : tout ce qui est nourriture et aménagement de la maison) uniquement en fonction des goûts des enfants pour ne pas les contrarier. » 

Bien que cette tendance à se conformer à l’image la plus reluisante possible de soi auprès de la petite famille puisse partir d’une très bonne intention, les chercheurs observent que le beau-parent risque alors de se perdre de vue, et de ne plus trouver plaisir à ce qu’il fait à force de se plier aux désirs des autres, et de sentir que, de toute façon, on ne lui reconnaîtra jamais la compétence de satisfaire les attentes du groupe et encore moins d’égaler le parent officiel dans le cœur des enfants : « Une belle-mère n’est pas nécessairement habituée à tout faire et à ne pas recevoir de reconnaissance en retour. Malgré tous ses efforts, il se peut que les meilleurs spaghettis au monde restent ceux de la mère, etc. Parce qu’elle s’est trop investie, parfois, la belle-mère va finir par penser que ce n’est pas elle qui ne joue pas bien son rôle, mais les enfants qui ne sont pas aimables. Et là, on peut embarquer dans une relation difficile de la belle-mère qui n’est plus gentille avec les enfants ; dans le fond, c’est parce qu’elle s’est trop investie », précise Marie-Christine Saint-Jacques. 

Mais le fait de voir arriver un conjoint avec des enfants n’est pas en soi une mauvaise nouvelle ; tout dépend des valeurs et des espoirs que portent les nouveaux conjoints à certains moments de leur vie : « Et les gens qui n’ont pas d’enfant, ce n’est pas toujours parce qu’ils ne les aiment pas : cela peut être pour toutes sortes de raisons. Le premier avantage, c’est qu’une personne vient de tomber en amour avec une autre : c’est un bénéfice très important. Hier, je lisais justement une recherche qui parlait d’une belle-mère qui aurait toujours voulu avoir des enfants, mais n’avait pas pu en avoir. En rencontrant un homme qui a des enfants, elle s’est dit : “Enfin, je vais avoir des enfants” », se souvient Marie-Christine Saint-Jacques. Pascale Reny considère cependant que le parent qui arrive dans la vie de famille avec toutes ses expériences de célibataire est loin d’être à l’abri de la tentation de jouer les amuseurs : « J’aurais plutôt tendance à croire que les parents novices seraient davantage portés à tomber dans le piège de créer un lien de confiance à tout prix, en voulant devenir copain ou en multipliant les contacts ou les activités, même à leur propre détriment, qu’un parent expérimenté. » 

Les parents et leur conjoint doivent aussi finir par accepter le fait que, si certaines complicités peuvent apparaître de manière plus spontanée avec certains enfants, l’histoire d’amour qui unit d’abord les conjoints n’implique pas forcément que le nouveau partenaire partage envers ses enfants le même amour inconditionnel : « Le parent peut ressentir cela comme ça : “Si tu m’aimes, tu dois aussi aimer mes enfants.” L’amour peut se développer et on peut se donner les moyens pour que la relation devienne positive et que l’on s’aime bien, voire que l’on s’aime. Mais le sentiment affectueux ne se commande pas. C’est une des attentes qui va vraiment complexifier la vie des familles recomposées. Les femmes s’investissent particulièrement et beaucoup pour combler cette attente : “Je vais lui prouver que je l’aime en aimant ses enfants” ». 

À travers ces premières adaptations, les nouveaux partenaires en viennent aussi, forcément, à faire le deuil d’un autre espoir assez courant, qui est celui qu’avec beaucoup de bonne volonté, la gestion des aléas de la vie familiale peut devenir une chose facile : « Les gens qui n’ont jamais eu d’enfant, qui voient un enfant turbulent dans une autre famille, pensent : “Si, moi, j’étais le parent, je ferais telle chose, et il se calmerait”, alors que nous savons très bien que ce n’est pas toujours aussi facile de discipliner ou de parler à un enfant. Parfois, quand on forme une famille recomposée et que l’on n’a jamais vécu avec des enfants, on peut avoir ce type de croyance qui fait que l’on prend conscience que ça ne fonctionne pas comme ça. On peut vivre de la déception ou commencer à cultiver des accusations à propos de notre conjoint en pensant “S’il avait été pris tout de suite au début et bien encadré, peut-être que l’enfant ne serait pas comme ça” », raconte Claudine Parent. 

Bien sûr, on est loin du long fleuve tranquille, mais une fois ce constat accepté, Pascale Reny se souvient d’avoir été témoin de situations où les épreuves partagées, plutôt que de créer une distance, ont contribué à souder les liens : « Par exemple, en début de relation, un enfant peut avoir un accident. Cela fait en sorte que celui qui est le parent de l’enfant doit prendre beaucoup de temps avec lui et que le nouveau conjoint, tout d’un coup, se retrouve dans l’obligation d’aider son nouveau partenaire en s’investissant davantage auprès de ses enfants. »

 

Les nouveaux conjoints, au-delà de l’étincelle

Par-delà ces mythes et ces espoirs à la fois fous et naturels pour des partenaires en proie aux charmes des débuts et aux risques de déception, arrivent irrémédiablement les grandes questions quant à la place que les conjoints sont prêts à prendre dans la vie de chacun. Où en est-on dans son processus de rupture ? A-t-on envie d’une vie de famille ? Est-ce que les qualités qu’on trouve chez l’autre valent la peine que l’on accepte les compromis, en termes de temps, de calme et de disponibilité, qui viennent avec la vie de famille ? Jusqu’où est-on prêt(e) à négocier avec l’idée d’un(e) ex-conjoint(e) dans le paysage ? 

Ces réajustements permettent néanmoins à bien des parents de voir que le jeu en vaut la chandelle, à condition, la plupart du temps, que leur partenaire ait des valeurs familiales fortes, les partage et ait l’impression d’être prêt(e) à s’investir : « Si on a des différences importantes de valeurs, une valeur, ça ne se change pas comme un comportement. C’est profond en soi. En fait, ça ne se change pas. C’est en nous. Des gens qui ont des valeurs familiales très fortes, qui se retrouvent ensemble lors d’une recomposition familiale, vont être capables de mettre les enfants au cœur de leur projet. Ils vont réussir à faire abstraction de certains inconvénients et compromis parce qu’il y a des enfants présents », avance Claudine Parent. 

Et si certains points peuvent faire l’objet de négociation, les nouveaux partenaires apprendront aussi, en cours de route, que d’autres font partie inhérente de la vie avec des enfants : « La première chose à laquelle renonce un parent célibataire qui accepte de s’investir dans une famille recomposée, c’est son intimité et son calme. Des enfants, c’est turbulent. On ne peut pas s’attendre à vivre avec des enfants comme avec des adultes. Il y a parfois des gens qui comprennent cela difficilement. Un enfant, ça bouge, ça se laisse traîner, ça ne comprend pas toujours du premier coup, et puis il y a des stades de développement à prendre en considération. Les enfants peuvent être intrusifs aussi. Ils peuvent être quand même des enfants très bien élevés », précise Pascale Reny. 

Claudine Parent rappelle aussi que les enfants sont parfois prompts à donner des leçons de simplicité : ceux qui les découvrent peuvent difficilement en faire abstraction. « On le sait, les enfants, on veut leur faire plaisir, et, à un moment, ils vont dire : “Moi, ce que j’aimerais, c’est vraiment quelque chose de beaucoup plus simple.” On pensait que ce serait extraordinaire pour eux qu’ils vivent cela. » Afin de faciliter cette transition des complications, parfois passionnantes, du monde des adultes à celui de la famille, Pascale Reny suggère aux nouveaux conjoints de se préserver un espace pour eux dans la maison et des moments correspondant davantage à leurs intérêts propres : « Je crois que c’est très sain de poursuivre sa vie et de garder un certain lien avec ce que l’on était avant. C’est la même chose pour tous les couples, avec ou sans enfants, de toute façon. » 

Du côté de la famille, certains parents peuvent alors vouloir laisser passer du temps, parfois même plusieurs années, afin de s’assurer un passage harmonieux de la vie de couple à celle de famille, ou même choisir de dissocier le plus possible la vie de famille de la vie amoureuse.  D’autres décident même de mettre leur vie amoureuse en veilleuse en attendant que les enfants quittent le nid. Mais dans la mesure où les parents acceptent le risque de se laisser porter par l’enthousiasme des débuts, un changement de fonctionnement, surtout s’il est drastique, peut semer quelques inquiétudes et amener quelques résistances de la part des enfants. Cette réticence à s’attacher peut aussi être accrue par le fait que l’enfant n’a pas encore fait le deuil de l’histoire d’amour de ses parents ou, qu’au contraire, un enfant s’est créé une relation d’intimité privilégiée avec un parent depuis le départ de l’autre, ou encore il a déjà vu passer quelques partenaires qui lui ont fait vivre d’autres ruptures. 

Et pour qu’un attachement se forme, encore faut-il d’abord que l’enfant se donne le droit d’ouvrir son cœur, ce qui peut être compliqué par l’attitude d’un autre parent qui accepte mal l’évolution des choses et qui le fait ressentir à son enfant, ou encore lorsque l’autre parent brille un peu trop par son absence : « Est-ce que l’enfant ne le voit pas assez souvent et est mécontent qu’il y ait une autre personne dans la vie de sa mère, alors qu’il ne voit presque pas son parent biologique, son propre père ? Cela peut entraîner un conflit de loyauté pour l’enfant. Ce n’est pas automatique, mais certains beaux-parents, par exemple des beaux-pères, peuvent croire que si le père est décédé, il va être plus facile de nouer une relation avec l’enfant. Ce n’est pas aussi évident que cela. Dans son imaginaire, l’enfant peut s’être créé un parent idéal, qui aurait été extraordinaire », affirme Claudine Parent. 

Par contre, la nature des enfants et leur besoin d’être aimé peuvent jouer un rôle aidant dans cette transition, surtout si les enfants sont jeunes et que le nouveau conjoint est attentionné : « En général, les enfants s’adaptent plus facilement que les parents ; ils sont plus enclins au bonheur que les adultes. Ils sont souvent aussi plus ouverts d’esprit que les adultes », affirme Pascale Reny. S’ajoute à cela, parfois, l’attrait d’un mode de vie plus douillet et d’un parent plus souriant aux côtés du nouveau conjoint, car comme l’assurent toutes les chercheuses, même si l’apprivoisement exige un certain temps, le souci du bonheur du parent demeure bien ancré dans la tête des enfants : « Ce sont les films qui nous racontent que les enfants n’aiment pas que les familles se recomposent. Mais c’est un peu un mythe, parce que la plupart des enfants désirent que leurs parents soient heureux. Ils veulent que quelqu’un s’occupe de leur parent. Ils sont contents de voir qu’il y a un nouvel adulte qui aime leur parent. Ils ont peut-être vu leur parent avoir de la peine, être en colère, se sentir seul. Mais ce que je vous raconte ne ferait pas un très bon scénario de film », renchérit même Marie-Christine Saint-Jacques.

 

Parents-partenaires, mais pas transparents

Dans une famille recomposée, le nouveau venu a tout intérêt à faire appel à son sens de l’observation afin de comprendre comment fonctionne la dynamique familiale dans laquelle il veut s’intégrer, ce que chacun aime et ce que le partenaire attend de lui. Un autre conseil donné par les expertes est celui d’essayer de se concentrer sur des aspects de la vie parentale autres que celui de la discipline, qui est souvent le plus difficile à faire passer, surtout avec les adolescents, et qui risque d’amener les douloureux « Tu n’es pas mon père (ou ma mère) ». La situation est d’autant plus complexe pour le conjoint lorsque c’est sur le plan de la discipline que le parent sent le besoin de déléguer un peu : « Quand le beau-parent est plus sévère que le parent, l’enfant a beaucoup de difficulté à l’accepter. Et si le beau-parent s’investit dans la discipline, alors que le parent l’était moins, cela devient le problème du rôle de beau-parent », remarque Claudine Parent. 

Tout en appuyant sur l’importance pour le parent de rassurer son enfant sur la place qu’il occupe dans son cœur, par des mots, des gestes et en lui accordant des moments privilégiés, les spécialistes insistent sur la légitimité, pour le parent, d’exiger le respect de l’adulte qu’il a choisi d’aimer. Une forte solidarité entre les partenaires a aussi tout intérêt à se manifester quant aux mesures à appliquer lorsque le parent s’absente et que le conjoint prend le relais, comme le feraient d’autres figures d’autorité que rencontre l’enfant au cours de la journée. Et ce rôle de partenaire-complice du parent, plutôt que de décideur de premier ordre, peut aussi comporter quelques avantages : « Je rencontre des beaux-parents qui sont très contents d’avoir cette position dans la famille. Ils se disent “Moi, j’ai seulement les bons côtés : je ne fais pas de discipline. Les parents s’en occupent très bien” », constate Mme Parent. 

Néanmoins, il n’est pas rare qu’avant d’en arriver à cette collaboration, les parents aient parfois l’impression d’être coincés, tandis que les nouveaux conjoints, eux, se sentent souvent comme la cinquième roue du carrosse dans une famille dont les règles sont déjà bien établies. En ce sens, Claudine Parent précise qu’entrer en période d’observation ne signifie pas de s’effacer dans un simple rôle de spectateur, mais bien de se donner les moyens de voir les aspects de la vie que l’on se sent capable d’accepter, ceux qui valent la peine de faire preuve de patience et ceux qui ne passent pas : « Cette période sert à connaître la famille, mais vous, vous ne changez pas nécessairement. Vous devez rester vous-même : si vous détestez le sport, ne vous organisez pas pour être la personne qui accompagne le plus jeune à toutes ses parties de hockey. Vous allez finir par vous arracher les cheveux. »  

De tels constats amèneront inévitablement des remises en question dans le nouveau groupe familial. Cependant, Marie-Christine Saint-Jacques croit que l’intransigeance pour protéger l’unité familiale risque de mener à une impasse. Les partenaires doivent réussir à discuter d’égal à égal, afin que chacun maintienne son envie de s’investir et qu’un nouvel équilibre puisse être atteint : « La famille ne peut pas fonctionner seulement avec les besoins des enfants. Une famille comprend un système conjugal et parental avec des enfants et la famille au complet, et l’on doit tenir compte des besoins de tout le monde. Donc, un parent qui dirait “Ma priorité, c’est mes enfants”, et qui ferait fi des besoins du beau-parent, pourrait entraîner que le beau-parent n’exprimerait jamais vraiment ce qu’il ressent et vivrait des insatisfactions notamment conjugales, ou que le beau-parent vive une réelle difficulté à prendre sa place. » 

Pascale Reny en vient même à penser que cette négociation peut être un beau cadeau que les parents font à leurs enfants, même s’ils doivent, pour y parvenir, exiger d’eux quelques sacrifices : « Parce que, dans la réalité, pour que les enfants soient heureux et fassent des apprentissages constructifs, il faut qu’ils aient des modèles de parents heureux, des modèles de relations de couple heureuses et des modèles d’adultes qui sont capables de reconnaître et d’exprimer leurs besoins adéquatement et des façons constructives de vivre des expériences de vie agréables. L’image du parent qui sacrifie tout pour ses enfants, c’est épouvantable pour les enfants qui portent tout un fardeau de redevances. Et on leur envoie le message que d’être adulte, c’est ça. Entre le parent qui est totalement ignorant des besoins de ses enfants et celui qui est envahi par les besoins de ses enfants, l’impact négatif est pratiquement égal. »  

Par ailleurs, le bagage d’expériences différentes qu’apporte avec lui le nouveau venu ne constitue pas seulement un obstacle. Il permet également de trouver d’autres perspectives pour rejoindre les enfants dans ce qu’ils aiment : « L’important, c’est que l’enfant sente que l’on s’intéresse à lui. Cela peut être des choses aussi banales que de lui demander comment s’est passé sa journée d’école. De lui poser des questions et de vous investir dans les éléments qui, vous, vous préoccupent aussi. Parfois, cela peut être des choses différentes de celles de ses parents biologiques. Super ! L’enfant vient d’avoir une nouvelle ressource pour un aspect de sa vie qui l’intéresse, mais qui n’intéressait pas ses parents. Par exemple, vous êtes une personne qui vous aimez la culture, les parents sont plutôt du style sportif et l’enfant aimerait apprendre le piano : c’est peut-être là-dessus que vous allez pouvoir vous entendre », mentionne Claudine Parent. 

Mme Parent croit aussi qu’en ouvrant ainsi la porte au dialogue, le beau-parent peut parfois devenir un adulte accessible pour aborder des questions délicates, sans avoir à affronter les réactions parentales : « Parce que c’est quelqu’un sur qui je peux compter et en qui je peux avoir confiance, à qui je vais confier des choses que je ne confierais pas à des parents parce qu’ils vont trop s’inquiéter si, par exemple, je leur parle de drogue. »  Les interlocuteurs ne réalisent pas toujours l’importance de ces moments sur la suite des choses ; ceux-ci peuvent quand même faire leur chemin pour établir la base d’attachement nécessaire aux adultes en devenir que l’on accompagne : « Il est parfois étonnant de voir à quel point, même si on ne sentait pas d’affinités avec l’enfant à 7 ou 8 ans, une fois adulte, il nous ramènera des choses et dira “Quand tu as fait cela, cela a été très important dans ma vie.” Parce que le jeune, devenu adulte à son tour, comprend beaucoup de choses. » 

Avec le temps, donc, la confiance s’établit et un sentiment d’appartenance grandit, à plus forte raison si de nouveaux enfants viennent se joindre à la famille. Mme Reny a vu ainsi plusieurs grands événements, mais aussi de plus discrets, venir à bout de la promesse que les différents partis avaient essayé de tenir, après les blessures et les désillusions, de ne plus s’y faire prendre à trop aimer : « C’est la beauté de l’amour : on s’investit quand même, parce que si l’on ne s’investit pas, on se nuit à soi-même. »

 

Merci à :
Claudine Parent, professeure titulaire à l’École de service social, Université Laval www.svs.ulaval.ca/?pid=580 et directrice du Centre d’adaptation des jeunes et des familles à risque (JEFAR) 

Marie-Christine Saint-Jacques professeure titulaire à l’École de service social de l’Université Laval www.svs.ulaval.ca/?pid=584 

Claudine Parent et Marie-Christine Saint-Jacques sont coauteures de La Famille recomposée, des escales, mais quel voyage, dont la seconde édition est parue aux Éditions de Sainte-Justine en 2015. 

Pascale Reny, chargée de cours en santé mentale, au département de sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais et au Cégep Saint-Laurent www.cegepsl.qc.ca/soins/mot-cle/pascale-reny/, est également auteure de Vivre en famille recomposée, paru aux Éditions Québécor, en 2009.