Bébé pleure : que faire ?

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Date de publication

mercredi 30 novembre, 2005

Ressource

Manon Forcier

Vous avez passé la journée toute seule avec votre bébé. Vous vous sentez vidée, même si vous avez l’impression de n’avoir rien fait de votre journée. Vous avez mangé de peine et de misère à 14 heures et à 19 heures. Votre bébé semble toujours insatisfait et irritable. Dès que votre conjoint rentre du travail, avant même qu’il n’ait accroché son manteau, vous lui remettez votre bébé : « Tiens, c’est à ton tour ! » La valse pour bébé irritable recommence...

 

Vous vous demandez pourquoi votre bébé pleure tant et ce qu’il convient de faire. Les conseils contradictoires de votre entourage contribuent à augmenter vos doutes et votre sentiment d’incompétence. Les prochaines lignes vous aideront, nous l’espérons, à franchir ce cap difficile.

 

Quelle langue parles-tu, mon trésor ?

Le bébé fait connaître ses besoins urgents par des pleurs dont l’intensité varie selon le besoin. Les parents expérimentés le savent. Certains sons signifient « J’ai faim », tandis que d’autres disent « Aide-moi à dormir » ou « Prends-moi dans tes bras ». Nous n’énumérons évidemment ici que les causes les plus fréquentes seulement; un bébé peut pleurer pour d’autres raisons.

 

La douleur

Les pleurs soudains et stridents sont habituellement le signe que votre petit éprouve de la douleur. A-t-il mal au ventre ou à une oreille ? À quel moment de la journée pleure-t-il ? Pouvez-vous établir un lien entre un événement particulier et ses pleurs ? Parler à une infirmière d’Info-Santé vous aidera certainement à déterminer les causes possibles de ses pleurs et les moyens de soulager votre bébé. Si elle le juge nécessaire, elle pourrait vous référer à d’autres professionnels de la santé (médecin, CLSC, etc.). S’il s’agit d’un nouveau-né, l’infirmière postnatale disponible à votre CLSC pourrait peut-être répondre à vos questions.

 

La faim ou un inconfort

Le bébé émet des sons moins joyeux (il « rechigne ») et ces sons se transforment progressivement en pleurs, puis en cris. La cause en est bien souvent la faim ou un autre inconfort qui met du temps à le déranger. Les signes de faim chez le bébé peuvent parfois être très subtils, comme lorsque le nouveau-né lèche ses doigts ou quand il semble téter sa langue ou son doigt. N’hésitez pas nourrir votre bébé dès qu’il montre les premiers signes de faim. Si vous le faites trop attendre, il risque de s’épuiser et pourrait boire avec difficulté au début de la tétée.

 

Autres causes

Votre bébé est-il fatigué ? En a-t-il assez d’être dans cette position, d’être pris par des étrangers (dans une fête) ou a-t-il trop chaud (comme en été) ? Désire-t-il voir un autre paysage ? A-t-il soif ? Veut-il changer d’activité ? Le bruit, les éclairs provoqués par la télévision (même silencieuse) et une sortie dans la journée peuvent aussi déranger le bébé ou le jeune enfant.

 

Les nuits

Certains auteurs estiment que les bébés passent difficilement d’un cycle de sommeil à un autre. Ainsi, ils se réveillent et ont besoin d’être rassurés afin de se rendormir en sécurité. C’est un apprentissage plus long pour certains enfants. Certains adultes ont encore besoin de se lever la nuit pour aller boire leur petite gorgée d’eau. Il est possible que votre bébé ait le même rythme de nuit que vous, ses parents. Il semble que certaines habitudes soient héréditaires, même en ce qui concerne les besoins nocturnes.

 

Et si vous n’arrivez toujours pas à trouver pourquoi votre bébé pleure ?

On recommande de répondre aux besoins des enfants, peu importe l’âge de ces derniers. Les ignorer peut nuire à leur sentiment de confiance en soi. Un bébé dont on ignore les pleurs comprendra qu’il ne sert à rien d’exprimer ses besoins puisque personne ne s’en occupera. Par contre, ses besoins ne s’évaporeront pas. C’est pourquoi même si vous ne comprenez pas les raisons de ses larmes, n’hésitez pas prendre votre bébé dans vos bras avec douceur pour tenter de le réconforter. En effet, même si l’on n’arrive pas toujours à en déterminer la cause, les pleurs ont toujours une raison.

 

Si votre bébé pleure et que vous vous sentez impuissant, vous pouvez le coller doucement contre vous, lui parler gentiment. Vous lui faites savoir alors qu’il n’est pas seul et qu’il est important pour vous. Les pleurs inconsolables et de longue durée exigent que vous vous assuriez que votre poupon n’a pas une condition médicale particulière qui nécessiterait des soins.

 

Des spécialistes disent que durant les premiers mois de sa vie, le bébé a besoin de vivre dans un milieu semblable à l’intérieur de l’utérus : pénombre, bruits blancs (semblables à des « shshsh »), balancements doux, vibrations rythmiques et légères, chaleur, sensation d’être à l’étroit. Un médecin américain suggère même d’emmailloter le petit bébé comme le font les infirmières à l’hôpital, de le prendre et de le bercer doucement en faisant des « shshsh » pendant cette période. Le son doux et rythmé des battements du cœur aurait aussi un effet calmant. Des parents ont obtenu de bons résultats avec cette technique.

 

Avant de perdre le contrôle...

Il peut toutefois arriver que, malgré tous vos efforts, vous n’arriviez pas à calmer votre bébé, par ailleurs en santé. Si vous sentez la colère monter en vous, écoutez votre corps (mâchoires serrées, point dans le dos, etc.) et agissez ! Respirez profondément en déposant votre bébé dans un endroit sûr pour lui. Sortez de la pièce et téléphonez à une personne fiable qui saura vous écouter ou à une ligne d’écoute pour les parents. Il est préférable de laisser votre enfant quelques instants plutôt que de le secouer et de le regretter ensuite.

 

Il existe bien des livres portant sur les soins à prodiguer aux jeunes enfants. Chaque auteur a ses propres idées et opinions sur la question. Avant de choisir « votre » livre de référence, je vous encourage à écouter votre instinct et à apprendre à connaître votre enfant. Dans le doute, préférez les ressources qui tiennent compte de la biologie du bébé et de ses besoins. Les tout-petits ne manipulent pas leurs parents. Ils parlent à leur manière. Il revient aux parents d’apprendre à décoder le langage de leur enfant et à combler leurs besoins de nourriture, de sécurité et de contacts humains. Plus vous connaîtrez votre enfant, plus vous serez habile à le consoler de la manière qui lui convient le mieux.

 

Manon Forcier est infirmière en périnatalité (B.Sc. ICPE) en pratique privée et tient à remercier une jeune maman, Chantal Desjardins, pour ses judicieux commentaires.