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Date de publication

vendredi 01 juillet, 2005

Ressource

Claire Foch

Q. Tous les soirs, j’appréhende l’heure du coucher; je suis de plus en plus stressée quand arrive le temps de dire à ma fille de cinq ans que c’est le moment d’aller dormir. Elle se couche, mais se relève à plusieurs reprises et revient nous voir, son père et moi, en évoquant toutes sortes de prétextes : elle a soif ou oublié de dire quelque chose de très important, elle a perdu son toutou ou veut un dernier câlin. Que pouvons-nous faire ? Je me sens de plus en plus mal quand arrive l’heure fatidique et je perds vite patience avec elle. J’ai le sentiment de ne plus avoir de vie à moi et je me sens à bout.

 

R. Il est effectivement facile de comprendre que vous puissiez vous sentir stressée d’avance à l’idée de faire face au même scénario chaque soir en fin de journée. Sans doute aspirez-vous à une soirée reposante en compagnie de votre conjoint, un temps de tranquillité, d’échange, un temps d’adulte. Tout ceci est bien légitime. De plus, terminer la journée de cette façon tous les jours vous laisse un sentiment d’inconfort.

 

Vous ne me dites pas depuis combien de temps dure ce scénario éprouvant, ni si votre fille ou vous-même (ou encore la famille) avez vécu des changements significatifs récemment.

Les enfants sont très sensibles aux changements et réagissent souvent à travers leurs comportements, le temps de s’adapter à la nouvelle situation. Que le changement concerne directement les enfants (changement de lit, déménagement, naissance d’un bébé, etc.) ou touche leurs parents, ils sont, surtout les plus jeunes, de véritables éponges. Ce qui veut dire qu’ils ressentent fortement les émotions de leurs parents ou de toute personne avec laquelle ils ont un lien significatif.

Discutez avec votre conjoint afin de vérifier s’il y a eu un événement qui pourrait affecter votre fille et reprenez avec elle ce qui s’est passé, aidez-la à mettre des mots sur le problème pour qu’elle exprime son malaise.

 

Si aucun événement significatif ne semble avoir déclenché le comportement de votre fille, il se peut qu’elle soit tout simplement très curieuse de ce qui se passe lorsqu’elle est endormie. Il s’agit d’une curiosité que l’on pourrait traduire en ces termes : Que font-ils quand je dors ? En fait, c’est comme si elle éprouvait le sentiment de rater quelque chosec’est-à-dire une curiosité et, en même temps, un goût de poursuivre sa journée avec vous. Vous connaissez bien tous les deux le tempérament de votre enfant. Est-elle toujours très intéressée, partante pour toutes sortes de projets, active, curieuse ? Il se pourrait alors que l’heure du sommeil arrive toujours trop tôt pour elle…

Si tel est le cas, il sera important de lui dire deux choses : d’une part, que c’est vital de dormir pour être en bonne santé et, d’autre part, que vous et votre conjoint avez besoin d’avoir du temps pour vous-mêmes et du temps d’amoureux ensemble. Mais, ce faisant, rassurez-la sur la place qu’elle occupe dans votre cœur à tous les deux.

Aller dormir ne doit jamais être une punition, mais un élément important d’une vie saine.

Observez peut-être aussi si l’heure de son coucher correspond à son rythme naturel de sommeil ou, si en la couchant un peu plus tard, l’endormissement ne viendrait pas plus facilement. Il est préférable qu’elle se couche en étant fatiguée et qu’elle s’endorme rapidement, plutôt qu’elle ne se relève plusieurs fois pour finir par s’endormir beaucoup plus tard. Sans compter qu’alors vous aurez passé une partie de votre soirée à la raccompagner au lit…

 

Trouvez ensemble une routine qui favorise la séparation, car il peut aussi s’agir d’une inquiétude, d’une difficulté à rester seule dans le noir et dans son lit en attendant que le sommeil arrive… Rassurez-la : vous êtes dans la maison, elle peut entendre les bruits de la maison par la porte entrouverte et la veilleuse restera allumée toute la nuit.

 

Vous pouvez aussi lui proposer un petit rituel au cours duquel elle-même prendra soin de son toutou et le couchera pour la nuit, rituel qui la conduira tranquillement au temps de son propre coucher. Enfin, vous pouvez faciliter les choses en instaurant une règle qui dit que la dernière note de musique de la boîte à musique (ou d’une chanson) signifie que c’est le temps de se souhaiter bonne nuit et de se faire un dernier câlin.

 

Après avoir pris le temps d’observer les vraies raisons derrière le comportement de votre fille, soyez alors fermes tous les deux dans la routine et ne dérogez pas à ce que vous avez établi ensemble. Il est important qu’elle vous sente tous les deux déterminés dans votre façon de faire. Et, surtout, félicitez-la le lendemain, chaque fois qu’elle se sera endormie sans se relever… comme une grande ! Vous pouvez aussi souligner l’événement devant d’autres personnes proches pour qu’elle sente à quel point vous êtes contents et fiers d’elle.

 

Claire Foch est experte en psychotérapie et formation pour adultes, enfants et familles. Vous pouvez la joindre au (450) 464-7746