Doit-on répondre rapidement aux besoins des petits ou les laisser attendre…

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Date de publication

samedi 30 juillet, 2005

Des parents influencés par certaines cultures nord-américaines et européennes croient qu'il faut laisser pleurer un enfant pour ne pas trop le gâter. D'autres à l'inverse désireux de donner le maximum à leurs petits font tout ce qu'ils peuvent pour répondre à leurs besoins mais ils se retrouvent souvent confrontés à un dilemme lorsque les membres de leur entourage manifestent leur désaccord, leur reprochant d'être trop à l'écoute de l'enfant, les prévenant des effets néfastes et même pervers d'une telle approche. Ils appuient leurs dires de conseils et d'exemples rendant le parent ambigu face à sa façon d'intervenir auprès de son enfant. « Dois-je le laisser pleurer?… Certains me disent que je le prends trop dans mes bras… Quelle est la bonne attitude à avoir? »

 

Répondre rapidement à ses besoins

Jusqu'à l'âge de 2, 3 ans, l’enfant est très dépendant. Nous devons répondre à ses besoins le plus rapidement possible ou lui expliquer pourquoi nous ne pouvons pas combler ses besoins immédiatement. Il développera ainsi une confiance et une force solide, qui lui permettront de prendre son envol. L'enfant sera comblé, satisfait et heureux.

 

Il ne faut jamais, jamais, jamais, laisser pleurer un enfant, sans d'abord avoir essayé de comprendre son inconfort, sa peur, sa souffrance et d'essayer de le réconforter, de le consoler ou de le soulager. Les bébés ne pleurent pas pour le plaisir de pleurer et ils n'ont pas la capacité de manipuler avant d'avoir l'âge de raison, c'est à dire autour de 7 ans. Un bébé peut pleurer aussi parce qu'il est fatigué. Il faut toujours tenter de le réconforter et de le rassurer lorsqu'il est en souffrance. Lorsque le parent est épuisé, il est important que l'autre conjoint prenne la relève. Si cela n'est pas possible, ce parent devrait demander une aide extérieure. Un parent à bout de force indispose et insécurise l'enfant et n'arrive pas à le réconforter. Les bras d'une voisine ou d'un autre adulte détendu auront plus d'effet calmant à ce moment, le temps que le parent récupère ses énergies.

 

Toute souffrance chez l'humain doit être entendue surtout celle d'un bébé. Il est du devoir de la personne responsable de ce petit de répondre à ses besoins de base qui sont: nourriture, chaleur, protection, affection, réconfort. Que ce soit le besoin de boire, de manger, d'être changé de couche, réchauffé, caressé, compris, réconforté…, il est relativement facile de le combler. Si j’attends trop longtemps pour le satisfaire, le bébé aura le sentiment que je ne réponds pas à son besoin. Si je ne peux le combler immédiatement, je lui expliquerai la raison qui m'empêche de le faire. Même s'il est tout petit, l'explication le réconforte, car bien qu'il ne saisisse pas le sens des mots il perçoit le sens de mon intention dans les nuances de l’expression. Tout petit, il s'affirme en pleurant ou en criant. Si le parent répond à son besoin, il ressent: « Je suis quelqu’un, on me satisfait ». Sinon, il se sent frustré, déçu. Je devrais donc m'y mettre aussitôt que possible. Plus tard, ayant la capacité de mieux comprendre, il pourra attendre davantage avant d'être comblé.

 

L'idéal est de lui confirmer ce que je perçois de ses pleurs et de tout faire pour résoudre son inconfort

Je réponds à son besoin de sécurité et entre en communication avec lui. En lui disant ce que je fais pour lui, je lui confirme que je le prends en charge d’une façon responsable ce qui sera très sécurisant pour lui et l'apaisera plus rapidement. Par exemple, je dirai à un petit, en changeant sa couche souillée: « Ah! C'est pour cela que tu pleurais. Je vais te changer tout de suite et tu seras plus confortable ».? "Tu as l'air fatigué, viens que je te berce un peu". En lui donnant son boire, je dirai: « Tu avais vraiment faim, cela te fera du bien ».? Par ailleurs, si on nourrit l'enfant au biberon, il ne faut pas oublier d’exprimer de l’affection en le prenant dans nos bras.

 

Plus tard, quand l'enfant vieillit et qu'il pleure parce que je lui refuse quelque chose, comme par exemple: se coucher plus tard, il va pleurer pour essayer de manipuler son parent. À ce moment, je ne discute pas longtemps: je lui confirme que c'est maintenant l'heure de se coucher, j'éteins la lumière et le laisse pleurer. S'il se relève, je retourne le coucher le nombre de fois qu'il sera nécessaire de le faire tout en étant ferme, mais bienveillant (sans arrogance, ni violence), pour que l'enfant réalise que je serai toujours constant quant à mes demandes.

 

Sans fermeté, je prolonge les périodes de transition, à l’inverse en étant trop ferme, je ne tiens pas compte de son rythme; je provoque des passages trop rapides. Il y aura donc frictions, déceptions de part et d’autres et éloignement entre nous. Si vous n'avez jamais pris l'habitude d'être ferme, une période de transition est nécessaire pour ne pas déstabiliser l'enfant avec un changement trop brusque. Vous devriez aviser l'enfant des changements que vous amorcez: "Avant, certains jours je permettais, d'autres non. À partir d'aujourd'hui, il ne sera plus permis de…."

 

Plusieurs adultes, surtout des hommes sont incapables d'entendre un bébé pleurer à cause des pleurs qu'il a gardé en lui depuis qu'il est petit. Les pleurs du bébé réveillent les pleurs de son enfance qui n'ont jamais été entendus parce que la société lui à imposé la croyance qu'un "garçon ça ne pleure pas". Messieurs faites un travail intérieur sur vous, en vous permettant de pleurer, pour avoir davantage la capacité de tolérer votre enfant. À ce moment, si cela est trop difficile d'entendre votre enfant pleurer, allez prendre une marche pour éviter de jeter votre frustration sur lui, ce qui le fera pleurer davantage et, surtout ne mettez pas de pression sur votre conjointe pour qu'elle fasse taire l'enfant le plus tôt possible.

 

En résumé il est donc important d'observer ces deux points: d'abord, répondre aux besoins de base du petit et lui expliquer tout ce que vous faites pour lui, même à un bébé, et restez ferme quant à vos demandes légitimes. C'est cela qui sécurise l'enfant.

 

Hélène Renaud et Jean-Pierre Gagné, formateurs et conférenciers. Pour plus d'informations concernant leurs conférences, ateliers ou pour connaître le contenu de leurs publications, consultez leur site internet www.commeunique.com. Vous y trouverez aussi de nombreux autres articles pour vous aider dans votre rôle de parent.

Certains passages de cet article sont extraits des livres 8 Moyens efficaces pour réussir mon rôle de parent et Être parent, mode d'emploi, édition Quebecor, auteurs: Hélène Renaud et Jean-Pierre Gagné