Les habitudes : l’art de se faciliter la vie !

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Date de publication

vendredi 01 novembre, 2019

Ressource

Anik Routhier

La rentrée : passer de la souplesse à la routine, de la spontanéité à la rigueur. Faites-vous partie des gens qui se prêtent plus facilement aux habitudes ou êtes-vous plutôt découragé de votre manque de discipline ?...
Vos routines familiales et individuelles prennent-elles l’allure d’un calvaire et sont-elles source d’un sentiment de culpabilité ou d’inefficacité ? Si c’est le cas, j’ai de bonnes nouvelles pour vous : vous trouverez ici la manière facile d’ancrer vos habitudes dans votre vie. 


Qu’est-ce qu’une habitude ?

Une habitude est une décision qui permet de ne plus décider. Wow ! Cette définition a été une révélation pour moi. En effet, j’adore prendre des décisions et, en même temps, je déteste souvent devoir trancher. Certains choix paraissent amusants (p. ex. : décider de tester quelque chose, planifier un voyage, trouver un nouveau défi à relever), mais d’autres me puent au nez (p. ex. : déterminer le menu de la semaine). 

En lisant cette phrase, j’ai constaté que j’investissais trop d’énergie et de temps en tergiversations inutiles. Voici un exemple : je perdais chaque jour beaucoup de temps à prévoir l’heure de mon réveil. Dormir davantage et me dépêcher avant de partir au travail ou avoir du temps pour moi et être moins pressée tout en me levant aux aurores ? Souvent je penchais vers cette dernière option, mais me retrouvais à « snoozer » sans vergogne, ce qui résultait en la première option, le sommeil en moins.  

J’ai donc DÉCIDÉ que je ne déciderais plus. J’ai pris la décision, une fois pour toutes, de me lever à 5 h 30 tous les matins, car j’aime prendre du temps pour moi avant le réveil des enfants. Et j’ai décidé de me coucher à 22 h 30 (car j’ai besoin de sommeil !). Et comme j’ai décidé de ne plus décider (oui, je sais, ça fait six fois que j’utilise ce verbe dans ce paragraphe, pour vous dire à quel point je suis DÉCIDÉE !), depuis ce jour, je me lève à 5 h 30 d’un seul saut du lit, dès que mon alarme retentit (il faut dire que j’ai stratégiquement placé mon téléphone plus loin dans ma chambre, ce qui m’oblige à me lever). Cela dit, je me suis octroyé un « snooze » de dix minutes. Donc, je me lève pour aller appuyer sur « répéter », puis dix minutes plus tard, je suis véritablement debout, prête à l’action.  

Je n’ai donc plus à lutter contre moi-même chaque matin à essayer de me convaincre que la chaleur de mon lit mérite d’être quittée. Je conserve ainsi une énergie considérable pour de bonnes causes. Pas de combat, pas de débat interne… Ce qui a été stipulé devient non négociable, et cela doit être la même chose avec les enfants. Ils ne doivent jamais sentir que vos habitudes familiales ne sont pas coulées dans le béton, ce qui n’empêche pas de consentir à certains spéciaux, mais vous verrez comment un peu plus tard dans cet article…

 

Choisir avantageusement

Maintenant que vous comprenez l’avantage de choisir vos habitudes et de les considérer ensuite comme non négociables, puisque vous avez décidé de ne plus décider, parlons un peu de ce qui peut vous aider à bien orienter vos pratiques de vie.  

En fait, avant de déterminer vos routines, demandez-vous quels sont vos objectifs. Pourquoi voulez-vous coucher les enfants à une certaine heure plutôt qu’à une autre ? De combien de temps avez-vous vraiment besoin avant de partir au travail le matin ? Quels éléments de la routine du dodo vous semblent vraiment essentiels et lesquels pourraient être modifiés ou supprimés ? Si vos habitudes ont de bonnes raisons d’exister, elles risquent davantage de perdurer.  

En guise d’exemples, je souhaite que les matins soient toujours détendus à la maison, donc je choisis de me lever très tôt et de laisser beaucoup de temps à mes filles pour qu’elles se préparent. Tout le monde va donc à son rythme, le matin, mais personne n’est en retard. En outre, je veux que les départs pour l’école demeurent simples et sans chichis, donc une alarme retentit chaque jour pour indiquer à mes filles qu’elles doivent impérativement se préparer. Je ne veux pas me casser la tête avec les repas, donc on mange toujours la même chose le vendredi quand je reprends ma garde partagée.


Astuces pour se motiver

Une fois vos besoins et les habitudes qui y répondent établis, quelques astuces peuvent vous aider à persévérer, surtout dans la période cruciale où la nouveauté doit devenir ritualisée.  

Le concept de couplage consiste à joindre un élément positif à un élément qui l’est moins (p. ex. : raconter une histoire avant d’aller dormir ; faire les devoirs avec un petit cocktail non sucré ou des petits fruits ; mettre de la musique entraînante le matin quand les enfants doivent se lever ou pendant le rangement, intégrer un moment de tablette ou de télévision à la fin de la routine matinale, quand l’enfant est habillé, nourri et peigné). Le couplage s’avère une manière pratique d’accepter les obligations de la vie et de mettre le plaisir plus en évidence.  

Vous pouvez aussi trouver des noms cools pour les moments de routine. Par exemple, plutôt que de faire le ménage du samedi, vous pourriez vous lancer dans l’heure de la Tornade (car, comme elle, vous ramassez tout sur votre passage). Le moment de se coucher peut devenir la « préparation pour les étoiles ». Les devoirs peuvent se métamorphoser en « 15 ou 30 minutes d’Einstein ».  

En outre, plusieurs applications peuvent être téléchargées sur votre téléphone intelligent pour suivre l’évolution de vos actions. Observer vos progrès constitue souvent une grande source de motivation, et une fois qu’on tient le coup pendant plusieurs jours d’affilée, on hésite davantage à briser la chaîne positive qui vient de se créer.  

Finalement, pensez aussi à modifier votre « identité » ou vos croyances (de même que celles de vos enfants) pour faciliter vos habitudes. Autrement dit, attention à ce que vous verbalisez ou pensez. Voici un exemple : je suis quelqu’un qui se lève difficilement le matin ; j’ai de la difficulté à gérer les matinées avec les enfants ; c’est toujours l’enfer et on part toujours en retard… Ce genre de phrases nuit à l’intégration de vos nouvelles actions en envoyant le message que vous n’y arriverez tout simplement pas.

 

Prévoir les écueils

Afin de maintenir le cap, fixez à l’avance les conséquences du non-respect de vos habitudes, autant pour vous que pour vos enfants. Les petits chéris auront plus tendance à agir correctement s’ils savent ce qu’il adviendra dans le cas où ils rechignent. En plus, choisir la conséquence quand tout va bien vous évite de devoir intervenir sous pression et d’appliquer des conséquences incohérentes par manque spontané de créativité.  

En outre, une manière surprenante de se faciliter la vie peut être de préférer l’abstinence à la modération. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est souvent plus aisé de ne pas faire du tout quelque chose que de se le permettre à faible dose (p. ex. : manger un dessert un jour sur deux donne le goût d’en manger l’autre jour, alors que de ne jamais en manger diminue carrément l’envie). Le concept du « tout ou rien » apparaît aidant quand il s’agit de créer des habitudes.  

Finalement, résistez à vous trouver des excuses pour ne pas respecter vos rituels. C’est simple, répertoriez les exceptions permises et, le reste du temps, maintenez vos habitudes coûte que coûte, car je vous le répète, vous avez décidé de ne plus avoir à décider. Par exemple, indiquez à vos enfants qu’ils peuvent se coucher plus tard la semaine seulement si vous recevez des convives à la maison. Indiquez-leur qu’ils peuvent dormir avec vous seulement deux fois par année (idéalement à des moments précis). Cela peut paraître un peu exagéré, mais ces simples règles vous épargneront bien des discussions.  

En cas de problème

Si vous ou vos enfants flanchez, ne dites pas : « Au point où j’en suis… ». Ainsi, si vous avez réussi à nourrir votre famille avec des repas maison depuis plusieurs semaines, mais que lors des derniers jours, vous avez opté pour des surgelés, car vous êtes crevé, ne pensez pas que vous êtes revenu à la case départ et ne sautez pas sur l’occasion pour vous alimenter encore plus mal. Dites-vous simplement qu’il s’agit d’une entorse à vos habitudes, pardonnez-vous et reprenez du service ! Les erreurs ne sont pas destinées à faire disparaître les habitudes.  

Par ailleurs, les rituels plaisants (p. ex. : sortir en famille, faire une soirée pyjama-cinéma chaque semaine ou autre) ne devraient pas être mis de côté sous prétexte que vous avez des tâches ou du travail. Dans un tel contexte, le boulot peut constituer une forme pernicieuse de procrastination, car vous avez la conscience de faire quelque chose d’utile, alors qu’en fait vous êtes en train de briser vos habitudes pour une mauvaise cause. Le plaisir est essentiel dans la vie !  À l’inverse, si vous êtes tenté de mettre de côté une habitude saine, mais moins motivante, combattez la tentation en vous offrant un autre plaisir, le temps que les choses se replacent.
 

Les habitudes : une force à utiliser

Qu’on le veuille ou non, les routines font partie de la vie familiale et personnelle. En plus de sécuriser les enfants, elles permettent de gagner en efficacité. En outre, elles constituent une manière de conserver l’énergie parentale, puisqu’elles évitent les batailles et les débats. Surtout, elles sont une façon de se faciliter la vie en prenant la décision, une fois pour toutes, de la couleur que l’on souhaite donner à sa vie, pour ne plus avoir à se questionner avant un bon moment. Que vos habitudes soient désormais faciles à maintenir !

  

Anik Routhier
Enseignante en Techniques d’éducation à l’enfance et maman