Prendre soin d’un enfant : c’est lui donner un rôle important dans notre vie

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Date de publication

samedi 01 mai, 2004

Ressource

Pierrette Trudel

Il n’est pas aisé, en 2004, de prendre soin d’un enfant : l’appauvrissement des familles, les familles éclatées puis reconstituées, les familles monoparentales, les parents stressés par un horaire trop chargé, les familles vivant en pays d’accueil, autant de nouveaux défis à relever, autant de nouvelles problématiques à résoudre.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est dans un premier temps, assurer ses besoins de base.

Dans ma classe, au moment où j’écris ces lignes, j’ai des élèves qui n’ont pas déjeuné ce matin, ou alors peu ou mal. J’ai des élèves qui ont été privés de sommeil par un grand frère qui a envahi une chambre supportant bien mal tout partage. J’ai des élèves qui n’iront pas jouer dehors malgré le soleil, soit parce qu’ils s’occupent à effectuer des tâches domestiques, soit qu’ils aident leurs parents au travail ou encore qu’ils re-gardent la télévision entre quatre murs qui se veulent protecteurs.

 

Pour prendre soin de son enfant, un parent devra se connaître, connaître son enfant et la perception que l’enfant a de lui-même.

En tant qu’adultes, nous tenons trop souvent pour acquis que les besoins de base d’un enfant, soit manger, dormir, se vêtir, être protégé, pouvoir aimer et être aimé dans un milieu favorisant l’estime de soi, sont comblés. Ce n’est, hélas, pas toujours le cas.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est entrer en relation avec lui

Nous apprenons à connaître nos enfants à travers leurs agissements. Par l’attention que nous portons à leurs joies, à leurs peines, à leurs talents et à leurs difficultés, malgré les nombreuses tâches qui nous assaillent comme parents, nous entrons en relation avec eux. C’est davantage par les questions que nous posons que par les réponses que nous apportons que le lien s’établit. C’est en respectant le développement et le rythme d’apprentissage de l’enfant que la confiance naît. À titre de parents, d’enseignants, nous devons être capables d’exercer un certain pouvoir et connaître les limites de ce pouvoir. Un enfant lent a aussi droit au repos, même s’il n’a pas terminé son travail, que ce travail soit d’ordre scolaire ou autre. Nous devons faire preuve de souplesse en ce qui concerne nos exigences en dosant nos attentes.

 

Lorsque nous avons plusieurs enfants, nous ressentons parfois plus d’affinités avec l’un d’entre eux. En étant conscients de nos sentiments, nous serons mieux outillés pour intervenir sans laisser nos seuls sentiments guider nos choix.

 

Privilégier la vie familiale, c’est inculquer de vraies valeurs à nos enfants

Nos enfants grandissent dans un monde où ils sont assaillis par une multitude d’informations, de valeurs et de sollicitations. Entre la télévision qui fait miroiter à l’enfant un monde rempli de « cadeaux », Internet qui lui présente un monde virtuel où tout est possible et l’école qui peut parfois sembler fade avec ses livres, ses activités et ses limites, l’enfant doit faire des choix.

 

Dans ce contexte, il peut être plus facile pour lui de s’évader que de se prendre en main et de s’investir dans la vie familiale. En impliquant l’enfant dans les activités familiales chaque fois que c’est possible, les parents inculquent à leur enfant un sentiment d’appartenance et de sécurité. L’enfant qui tisse des liens familiaux solides développe aussi le sentiment qu’il n’est pas seul et qu’il est important pour ses proches. Pour un enfant, être important pour sa famille, c’est : partager des tâches au quotidien, pouvoir s’exprimer, pouvoir être entendu et, surtout, pouvoir se rendre utile. En participant activement à la vie familiale, l’enfant apprend à se responsabiliser.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est assumer pleinement son rôle de parent

Un parent ne doit pas avoir peur d’assumer son leadership, d’intervenir. Je suis toujours étonnée lorsqu’un parent me demande s’il doit superviser les devoirs de son enfant de neuf ans. Intervenir dans le respect de l’enfant, c’est lui dire qu’il peut grandir, que nous veillons sur lui.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est accepter de se tromper et le reconnaître

La relation qu’établit un parent avec son enfant ne peut se faire qu’en raison de l’estime qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.

 

J’ai demandé à mes élèves comment les parents pouvaient prendre soin de leurs enfants.

 

Voici leurs réponses :

- lui donner de l’affection, même s’il ne fait pas « tout » comme il le faut;
- le soigner lorsqu’il est malade;
- ne pas trop le gâter, juste un peu;
- tenir ses promesses;
- lui poser des questions;
- le chicaner seulement quand il le faut;
- être patient avec lui;
- ne pas crier;
- l’encourager ;
- lui faire des rappels;
- le féliciter;
- ne pas dévoiler ses secrets;
- décorer sa chambre;
- faire un sapin de Noël;
- fêter son anniversaire;
- lui demander de l’aide;
- lui donner des responsabilités;
- le faire rire;
- ne pas rire de lui;
- faire des activités avec lui;
- lui lire une histoire, même s’il sait lire;
- avoir du plaisir avec lui.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est aussi :

- être fier de lui;
- lui faire confiance;
- lui accorder une attention particulière;
- lui apprendre toutes sortes de choses;
- ne pas le laisser traîner au parc;
- ne jamais l’ignorer;
- ne pas le chicaner lorsqu’il a fait une erreur dans ses devoirs;
- s’il a de la difficulté, ne pas l’obliger à obtenir que des « A »;
- ne pas le disputer devant ses amis.

 

Prendre soin d’un enfant, c’est se rappeler notre propre enfance, nos besoins, nos plaisirs d’alors. C’est faire sentir à l’enfant que nous sommes contents qu’il soit là. C’est prendre plaisir à partager notre quotidien avec lui. C’est aussi accepter que, parfois, il puisse prendre soin de nous.

 

Merci à Louise Hamel, école Bois-Franc, pour son regard sur mes articles.
Prochain article : Prendre soin d’un enfant en difficulté

 

Pierrette Trudel est enseignante à l’école Laurentide de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.